Perturbateurs endocriniens

Un logo pour informer les femmes enceintes

Publié le 18/07/2011
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Crédit photo : S. TOUBON/LE QUOTIDIEN

QUELLES PRÉCAUTIONS faut-il prendre vis-à-vis des perturbateurs endocriniens ? En mai dernier, contre toute attente et malgré l’opposition du gouvernement, la proposition de loi d’Yvan Lachaud (Nouveau Centre), qui visait à interdire « la fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkyphénols », était adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. Toutefois, cette interdiction totale, sans discrimination d’utilisation, est « inapplicable », estime Gilbert Barbier (RDSE), dont le rapport sur les perturbateurs endocriniens vient d’être approuvé par les membres de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Face aux données scientifiques qui « rendent crédible un lien de causalité » entre certaines maladies (comme les cancers) et l’action de substances perturbant le système endocrinien, il reste cependant nécessaire d’agir, plaide le chirurgien, qui milite pour une « interdiction raisonnée ». Dans le cadre de la législation européenne, des mesures d’interdiction doivent être envisagées en fonction « des produits, des usages, des possibilités de substitution et d’une balance bénéfice-risque ». Gilbert Barbier demande ainsi l’accélération du retrait des phtalates à « chaîne courte » (DEHP) dans les applications médicales à destination des femmes enceintes et des jeunes enfants. Car plus que l’effet de dose, c’est bien la « fenêtre d’exposition » qui pose problème. La grossesse et la prime enfance constituent particulièrement une période de fragilité.

Pas de seuil.

« La question des perturbateurs endocriniens remet en cause la toxicologie classique selon laquelle il existe un lien entre la dose et l’effet d’un poison », poursuit le sénateur. Il est donc impossible d’appréhender les perturbateurs endocriniens par la seule dose journalière acceptable. Les conséquences sur la santé ne sont pas linéaires avec l’importance de la dose, d’autant qu’il faut parallèlement envisager l’effet cocktail de plusieurs substances.

« Accroître les connaissances disponibles est une priorité », affirme Gilbert Barbier, qui reconnaît qu’au niveau européen comme au niveau français, d’importants moyens sont d’ores et déjà consacrés aux perturbateurs endocriniens. Mais ce foisonnement de recherches n’est pas pour autant une stratégie, estime-t-il, en appelant de ces vœux une meilleure coordination, en fonction notamment d’une stratégie définie en « interministériel ». Il souhaite également que la validation de tests internationaux permettant de détecter les perturbateurs endocriniens aboutisse d’ici à2013.

En attendant de nouvelles données, Gilbert Barbier propose la mise en place d’une démarche de prévention. Il envisage notamment d’apposer un pictogramme similaire à celui présent sur les bouteilles d’alcool « pour indiquer, sans ambiguïté, aux femmes enceintes ou allaitantes qu’elles devraient éviter de s’exposer, elles et leurs jeunes enfants, à des produits contenant des perturbateurs endocriniens ». L’apposition de ce logo pourrait être soumise à un avis de l’Agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement (ANSES), suggère le sénateur.

Il s’agit d’un rapport d’étape, précise Gilbert Barbier en invitant les pouvoirs publics à s’engager dans une protection « dynamique et évolutive » de la santé et des consommateurs, « sans que les choses soient figées une fois pour toute ».

* www.senat.fr/notice-rapport/2010/r10-765-notice.html

STÉPHANIE HASENDAHL
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8996