En préservant les cellules bêta de l’auto-immunité

Une biothérapie pour freiner le diabète de type 1

Publié le 29/06/2011
Article réservé aux abonnés

L’IMMUNOTHÉRAPIE trouvera-t-elle enfin sa place dans le diabète de type 1 ? Si ce n’est sans doute pas en monothérapie, une étude américaine dirigée par le Dr Jay Skyler, université de Miami, laisse la porte ouverte à cette nouvelle voie thérapeutique. Administré au stade précoce de la maladie, l’abatacept, une biothérapie utilisée depuis peu en rhumatologie, s’est révélée capable de limiter la perte de fonctionnalité des cellules bêta de Langerhans et de préserver ainsi une sécrétion endogène d’insuline.

Chez les patients traités par abatacept, les taux de peptide C étaient ainsi 59 % plus élevés à 2 ans par rapport au placebo, respectivement à 0,378 mmol/l et 0,238 mmol/l, avec un déclin retardé en moyenne de 9,6 mois dans le groupe traité. Ces résultats restent malgré tout mitigés, de l’aveu même des chercheurs, en raison de la perte d’efficacité au cours d’étude. Seul le suivi à long terme une fois la cure d’abatacept permettra de se prononcer sur la rémanence des bénéfices.

Intérêt à un stade précoce

La piste de l’immunothérapie dans le diabète de type 1 ne date pas d’aujourd’hui et plusieurs immunomodulateurs ont déjà été testés, dont certains ont fait preuve d’une certaine efficacité, comme les anticorps monoclonaux anti-CD3 et anti-CD20 et un vaccin ciblant l’antigène GAD-65. L’abatacept, prescrite dans l’arthrite juvénile idiopathique, est un immunosuppresseur inhibant la co-stimulation des lymphocytes T et limitant ainsi leur pleine activation. Comme les cellules T jouent un rôle central dans le phénomène d’auto-immunité du diabète de type 1, les chercheurs ont voulu tester l’hypothèse selon laquelle l’abatacept pourrait être capable de modifier le cours de la maladie à un stade précoce.

Cet essai contrôlé versus placebo en double aveugle a inclus 112 patients, âgés de 6 à 45 ans dont le diabète de type 1 avait été diagnostiqué moins de 100 jours auparavant. Les sujets ont été randomisés selon une répartition 2/1, groupe abatacept (77) et placebo (35). Le protocole consistait en des injections intraveineuses de l’immunosuppresseur, à la dose de 10 mg/kg, à J1, 14 et 28, puis tous les 28 jours pendant un peu plus de 2 ans, la dernière ayant lieu à J 700, soit 27 au total. L’insulinothérapie était administrée, soit sous forme d’injections quotidiennes multiples, soit à la pompe. Étaient exclus les patients présentant des anticorps dirigés contre les virus de l’hépatite B, C ou du VIH.

La persistance des bénéfices, une fois le traitement arrêté, reste à définir sur le long terme. Des espoirs ont été déçus par le passé, notamment avec les anticorps anti-CD3 pour lesquels la différence de sécrétion de peptide C s’est estompée à trois ans. Quoi qu’il en soit, l’abatacept n’est envisagé qu’en tant que traitement complémentaire en association à l’insulinothérapie, et ce à un stade précoce de la maladie. Compte tenu de l’hétérogénéité observée dans le diabète de type 1, il est possible que le traitement immunomodulateur soit plus profitable à certains patients. La voie sous-cutanée de l’abatacept, actuellement en cours de développement, devrait faciliter la réalisation des prochains essais thérapeutiques.

The Lancet, publié en ligne le 28 juin 2011. DOI:10.1016/S0140-6736(11)60886-6.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8991