LE ROTAVIRUS est la principale cause de gastro-entérite aiguë (GEA) chez l’enfant, ce qui représente 50 %à 60 % des gastro-entérites des pays développés et 50 % des gastro-entérites sévères vues médicalement dans les pays en voie de développement. La gastro-entérite à rotavirus est responsable chaque année de 500 000 décès d’enfants de moins de 5 ans dans le monde (OMS), la plupart dans les pays en voie de développement. En France, on estime qu’elle est responsable d’environ trente décès par an (données de 2005). Les gastro-entérites à rotavirus conduisent souvent à une hospitalisation. Elles surviennent chez des enfants jeunes et sont relativement sévères avec un risque de déshydratation parfois important. Il s’agit d’un phénomène épidémique saisonnier qui chevauche les périodes d’épidémies de grippe saisonnière et de bronchiolite. En France et dans les pays industrialisés, la mortalité a très nettement baissé grâce à une meilleure compréhension du mécanisme de la diarrhée des gastro-entérites et aussi aux solutions de réhydratation orale, qui sont remboursées depuis 2003, ce qui a amené la plupart – mais hélas pas encore tous (70 %) – des médecins à les prescrire. Différentes instances, dont le Groupe francophone d’hépatologie gastroentérologie et nutrition pédiatriques (GFHGNP), préconisent leur utilisation et, désormais, les pharmaciens les conseillent. Grâce aux efforts menés durant ces cinq dernières années, la prescription de solutions de réhydratation orale a été multipliée par deux dans les diarrhées aiguës du nourrisson (enquête A. Martinot, Lille). En outre, le nombre de décès lié aux gastro-entérites est passé de 80 en 2000 à moins de 30 en 2005. En revanche, le taux d’hospitalisations n’a pas baissé et le nombre d’enfants venant consulter à l’hôpital augmente tous les ans.
Une efficacité démontrée.
Le premier vaccin antirotavirus, tétravalent, commercialisé il y a 20 ans aux États-Unis, a été retiré du marché en raison d’une augmentation post-vaccinale des invaginations intestinales aiguës. Depuis, les souches de rotavirus ont été modifiées, ce qui s’est traduit par moins de phénomènes inflammatoires et de réactivité intestinale, ainsi que moins d’adénolymphites. Depuis quatre ans, une veille sanitaire a été mise en place aux États-Unis et dans certains pays en voie de développement : il n’y a pas eu d’augmentation de la survenue des invaginations (voire une diminution) après la mise sur le marché des deux vaccins récents.
Comme l’OMS, le GFHGNP et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) se battent pour la généralisation d’une vaccination anti-rotavirus qui permettrait de diminuer la mortalité des enfants dans les pays en voie de développement. Dans une étude mexicaine récente (1), le nombre de décès annuels dus à la gastro-entérite à rotavirus est passé, du fait de la vaccination, de 1 793 en 2008 à 1 118 en 2009, soit une baisse de plus de 40 % de la mortalité chez les enfants de moins de 11 mois. Dans une étude menée en Afrique du Sud (2), la mortalité durant la première année de vie a été de 4,9 % sous placebo contre 1,9 % chez les enfants vaccinés. En France, on peut espérer abaisser le nombre de décès à moins de 15 par an. Des études comparatives effectuées entre 2000 et 2006 dans une même région, dans des pays industrialisés comparables à la France, le nombre d’hospitalisations des enfants de moins de 2 ans a été réduit de 50 % avec un taux de couverture vaccinale de 80 % et une efficacité de la vaccination proche de 90 %. Enfin, un travail français (A. Gagneur, Brest) a mis en évidence une diminution des hospitalisations de 50 % avec une couverture vaccinale de 50 % chez des enfants de moins de 2 ans.
À court terme, la vaccination diminue la mortalité et la morbidité. Des études nord-américaines ont montré que l’efficacité du vaccin sur les infections sévères est de 100 % et de 80 % sur les besoins de perfusion.
À moyen terme, elle réduit le risque d’infection connexe (grippe, infection par le VRS) et d’infection nosocomiale pour un enfant déjà hospitalisé. En outre, il est licite d’envisager la diminution des infections nosocomiales contractées à l’occasion d’une hospitalisation, les infections à rotavirus et VRS survenant à la même période.
Enfin, à long terme, la vaccination pourrait diminuer les troubles fonctionnels intestinaux (TFI).
D’après un entretien avec le Pr Jean-Pierre Chouraqui, CHU de Grenoble, président du Groupe francophone d’hépatologie, gastroentérologie et nutrition pédiatriques.
(1) Richardson V. et al. N Engl J Med 2010;362:299-305.
(2) Madhi SA et al. N Engl J Med 2010;362:289-98.
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