Une première à valider

Deux fillettes génétiquement modifiées seraient nées en Chine

Par
Publié le 03/12/2018
Article réservé aux abonnés

Dimanche 25 novembre, le généticien He Jiankui, de l’université de Shenzhen en Chine, a annoncé la naissance de jumelles dont l’ADN a été manipulé par l’outil d’édition CRISPR. Ces derniers auraient été utilisés pour conférer aux fillettes la capacité de résister à une infection par le virus du Sida. Quatre jours plus tard, au Sommet international de l’édition du génome, à Hong-Kong, le scientifique évoquait l’existence d’un 3e enfant modifié, en cours de gestation, et présentait en détail son protocole (lire ci-dessous), renforçant l’idée que la manipulation a bel et bien eu lieu.

Sans concertation avec son université ni validation d’un comité d’éthique, Jiankui He a modifié le génome d’embryons humains, avec pour cible le gène CCR5. Ce dernier code un récepteur cellulaire que le VIH utilise lors de l'infection. Or les personnes porteuses d’une mutation homozygote de ce gène sont naturellement protégées de cette infection. L’idée du Jiankui He était donc d'introduire cette mutation chez les embryons manipulés. 

Si CRISPR avait déjà été testé en 2015 (et là-encore en Chine) sur des embryons humains, pour supprimer la mutation responsable de la bêta-thalassémie, cette manipulation avait été menée à des fins de recherche et les embryons détruits. Cette fois, 3 embryons modifiés ont été implantés. Des tests suggèreraient que la 1ere jumelle porte une mutation homozygote du gène CCR5 (protégeant contre le VIH) et l’autre une mutation hétérozygote (pas de protection). Aucune preuve scientifique indépendante n’a pour le moment été fournie, qui permette d’authentifier les allégations du scientifique. Pour l’heure, l’université de Shenzen s’en est désolidarisée et Pekin a lancé une enquête. 


Source : Le Quotidien du médecin: 9707