AAD 2009

Du gène à la thérapeutique

Publié le 01/04/2009
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PAR LE Pr MARIE-SYLVIE DOUTRE*

LES THÈMES abordés au cours des différentes sessions étaient très variés, des biothérapies dans le traitement du psoriasis aux complications des lasers, de la dermatologie pédiatrique à la mise en évidence des gènes de l’alopécie androgénique, du traitement du vieillissement cutané à l’utilisation de cellules-souches dans la rosacée…

Du nouveau en cancérologie.

De nouveaux traitements ont été récemment développés en cancérologie, tels que les anti-EGFR (facteur de croissance épidermique) prescrits dans les cancers colo-rectaux métastatiques, ORL et pulmonaires, les anti-VEGF, sorafénib (Nevaxar) et sunitinib (Sutent) utilisés dans les cancers du rein évolués, les inhibiteurs des tyrosines kinases comme l’imatimib (Glivec) prescrit en particulier dans la leucémie myéloïde chronique. Ceux-ci sont souvent responsables d’effets secondaires dermatologiques dont certains bien connus, comme les éruptions papulo-pustuleuses apparaissant sous anti-EGFR, d’autres de description plus récente tels que les œdèmes se développant sous sorafénib. Leur importance et le retentissement sur la qualité de vie des patients conduisent parfois à une réduction des doses, parfois même à l’arrêt du traitement. Il est donc important de les prendre en charge dès leur apparition ou même de les prévenir. Ainsi, un traitement préventif, local et général peut réduire de 50 % la survenue des éruptions papulo-pustuleuses observées lors des traitements par anti-EGFR. Par ailleurs, il a été bien montré que l’apparition de ces manifestations cutanées pouvait être considérée comme un marqueur de bonne réponse au traitement, en particulier avec les anti-EGFR et le sorafenib.

Le psoriasis toujours d’actualité.

Le psoriasis a fait l’objet de très nombreuses communications. Une meilleure connaissance de ses mécanismes physiopathologiques permet le développement de nouveaux traitements actifs dans cette dermatose très fréquente, atteignant environ 3 % de la population, soit près de 2 millions de français.

Les différentes biothérapies, telles que les anti-TNF, mises sur le marché ces dernières années et celles devant être très prochainement commercialisées, ont une efficacité certaine pour traiter les formes modérées à sévères en cas d’échec, de contre-indication ou d’intolérance aux autres thérapeutiques systémiques. Elles s’accompagnent souvent d’un retentissement important sur la qualité de vie. Le rapport bénéfice/risque est au cœur du débat, des complications diverses, en particulier infectieuses, pouvant apparaître au cours de ces traitements. Il ne faut donc pas oublier des traitements plus « anciens » tels que la photothérapie qui a encore sa place dans le traitement du psoriasis en utilisant préférentiellement les UVB TL01, ceux-ci entraînant moins de risque à long terme que les UVA associés à des psoralènes.

Et toujours redoutable, l’exposition aux UV.

Le rôle des ultra-violets (UV) dans la survenue des cancers cutanés est bien démontré, ces tumeurs se développant préférentiellement dans les zones photo-exposées. De plus, il existe un rapport évident entre le risque tumoral et le phototype d’une part et les antécédents de coups de soleil d’autre part. Les UV agissent comme initiateurs des altérations de l’ADN mais aussi comme facteur aggravant étant donné leur rôle immunosuppresseur facilitant l’émergence des tumeurs.

Ceci explique l’inquiétude de nos collègues américains devant le nombre de plus en plus important d’utilisateurs des cabines de bronzage, souvent des adolescents (d’après eux, c’est en France, dans les années 1930, qu’est apparue la mode bronzage, initiée par Coco Chanel revenant bronzée d’un séjour sur la Riviera…). Les doses d’UV délivrées sont très importantes, d’autant qu’apparaissent de nouvelles lampes, encore plus puissantes. De nouveaux termes sont ainsi apparus, tels que tanologie ou science du bronzage, ou encore tanorexie définie comme l’addiction au bronzage, ces sujets faisant tout ce qu’il est possible de faire pour ne pas perdre leur couleur. Mais il ne s’agit pas que d’une mode américaine… Deux millions et demi de Français dont 45 % d’hommes sont utilisateurs d’une des 12 000 cabines de bronzage, ceci représentant un chiffre d’affaires d’environ 155 millions d’euros par an…

Il est très important de prévenir nos patients des risques de ces cabines et de leur donner des conseils de photoprotection. Plusieurs moyens peuvent être utilisés dont le plus sûr est de ne pas s’exposer… La protection vestimentaire est efficace, en sachant que les vêtements foncés, en nylon ou polyester donnent une meilleure protection que les vêtements clairs, en coton ou en rayonne. Les industriels du textile développent actuellement plusieurs marques de vêtements anti-UV pour femmes, hommes et enfants dans de véritables catalogues de mode… Il est bien sûr aussi nécessaire d’utiliser des protecteurs solaires qu’il s’agisse de produits absorbants ou réfléchissants ou parfois d’association des deux, ceci permettant d’avoir différents spectres d’absorption vis-à-vis d’UV de longueurs d’onde différentes. Cependant, même si les produits utilisés ont un pouvoir protecteur important, c’est la quantité appliquée et la fréquence des applications qui restent les meilleurs garants de leur efficacité. La crainte de manquer de vitamine  D ne doit pas faire récuser la photoprotection. Plusieurs orateurs ont rappelé que celle-ci n’empêchait pas sa synthèse qui ne nécessite qu’une faible quantité d’UVB, à dose subérythèmale.

*Hôpital Haut-Lévèque, Pessac

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr