Appel aux dons de la Fondation Cœur et Recherche

Identifier l’origine de la mort subite prématurée des sportifs

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Publié le 07/03/2019
mort subite sportif

mort subite sportif
Crédit photo : DR

Si le sport est bénéfique, il peut aussi parfois être associé à des accidents cardiovasculaires dus à une maladie cardiaque passée inaperçue. Ainsi chaque année, 1 000 sportifs décèdent en France d’une mort subite lors d’une pratique sportive, dont une centaine aurait moins de 35 ans. Dans près de 40 % des cas, des symptômes ont précédé l’accident. Si l’infarctus du myocarde est responsable de plus de 85 % des morts subites après 35 ans, aucune cause précise n’est retrouvée dans 40 à 50 % des cas survenant chez les sportifs de moins de 35 ans. En effet, ces causes peuvent être variées et sont souvent d’origine génétique.

500 000 euros pour résoudre le mystère de la mort subite

Soutenu par la Fondation Cœur et Recherche, le projet « Résoudre » met en place un registre français des morts subites chez les jeunes sportifs afin d’identifier l’origine du décès. « Cette étude observationnelle nationale, qui durera trois ans, propose de réaliser des autopsies complètes avec une enquête génétique systématique chez une centaine de sportifs de moins de 35 ans décédés subitement », explique le Pr François Carré, cardiologue au CHU de Rennes. « L’objectif est aussi de prévenir les drames survenant encore trop souvent chez les sportifs et ceux susceptibles de se produire dans la famille du sportif décédé », ajoute le Pr Philippe Charron, cardiologue généticien à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière (Paris).

Ce projet sera coordonné au niveau de trois pôles régionaux : en île de France par le Pr Xavier Jouven (HEGP, Paris), dans le Grand Est par le Pr Étienne Aliot (CHU de Nancy) et dans le Grand Ouest par le Pr François Carré (CHU de Rennes). « Soutenu par la Société française de médecine légale, nous appliquerons un protocole d’autopsie rigoureux, mis en place par le groupe européen de cardiologie du sport. De plus, il sera ajouté la partie génétique réalisée par le centre d’expertise génétique de la Pitié Salpêtrière du Pr Philippe Charron et, en appoint, celui du CHU de Nantes du Pr Vincent Probst. Enfin, une enquête toxicologique sera également menée par le Pr Isabelle Morel au CHU de Rennes », précise le Pr Carré.

Cependant, pour réaliser ce projet, 500 000 euros sont nécessaires. Si 100 000 euros sont déjà financés par la Fondation Cœur et Recherche, une campagne de collecte de dons est lancée pour réunir les 400 000 euros restants.

Plusieurs maladies cardiovasculaires génétiques incriminées

Retrouvées à l’autopsie dans 50 % des cas, les maladies cardiaques héréditaires représenteraient la majorité des causes identifiées de mort subite chez les sportifs de moins de 35-40 ans. De transmission dominante, ces maladies se répartissent en deux groupes : les cardiomyopathies (dysplasie ventriculaire droite arythmogène, cardiomyopathie hypertrophique) et les maladies électriques pures (syndrome du QT long, tachycardie ventriculaire adrénergique). Si les premières se caractérisent par des anomalies de morphologies identifiées par imagerie ou à l’autopsie, les secondes présentent des anomalies à l’ECG mais l’imagerie et l’autopsie sont normales. Ces maladies souvent silencieuses se déclarent tardivement et peuvent se révéler directement par la mort subite.

Un test génétique post-mortem sur l’exome entier

« Connaissant les gènes incriminés, nous avons développé un test génétique diagnostic pour ces maladies avec un séquençage haut débit. Nous en pratiquons actuellement à la Pitié Salpêtrière 3000 par an, révèle le Pr Charron. De plus, nous avons déjà mené une étude pilote sur plus d’une cinquantaine de morts subites avec un test génétique post mortem pour lequel l’ADN est extrait du tissu autopsique afin de rechercher la mutation responsable de la maladie cardiaque sous-jacente ». Cette étude a ainsi permis de montrer la faisabilité du test génétique post mortem qui sera utilisé.

Dans le cadre du projet, une autopsie systématique et un test génétique post mortem seront réalisés, en utilisant le séquençage de l’exome entier (sur 20 000 gènes). « Nous pourrons ainsi analyser les gènes déjà connus et en identifier de nouveaux », projette le Pr Charron.

D’après la conférence de presse de la fondation Cœur et Recherche, le 5 mars 2019

Karelle Goutorbe

Source : lequotidiendumedecin.fr