Dystrophie myotonique de Steinert

La metformine pourrait améliorer la marche

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Publié le 03/09/2018
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Crédit photo : PHANIE

La metformine, un médicament largement utilisé chez les diabétiques, permettrait d'améliorer la motricité de patients atteints de dystrophie myotonique de Steinert (aussi appelée dystrophie myotonique de type 1), selon un essai de phase II monocentrique.

Cette étude a été menée par des chercheurs INSERM de l'Institut des Cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies monogéniques (I-Stem) en collaboration avec une équipe de l'hôpital Henri Mondor (AP-HP) et financée en partie par l'AFM-Téléthon. Les résultats sont publiés dans « Brain ».

Cette maladie neuromusculaire - la plus fréquente de l'adulte - se caractérise notamment par des troubles de la marche.

La metformine a pu être identifiée comme un potentiel candidat pour cette pathologie grâce à des modèles cellulaires développés à partir de cellules souches pluripotentes qui permettent de tester des molécules connues par un criblage à haut débit.

32,9 m de distance gagnée

Au total, 40 patients ont été inclus entre février 2014 et mai 2015 ; 17 ont été exclus de l'analyse. Sur une période de 1 an, 9 ont reçu de la metformine et 14 un placebo. Leur marche a été évaluée à l'aide du test de marche de 6 minutes, le changement du périmètre de marche (distance parcourue) au cours de ce test entre l'inclusion et la fin de l'étude étant le critère principal de l'étude.

Les patients traités avec la metformine ont gagné 32,9 m en distance parcourue, le groupe placebo 3,7 m. Cet effet bénéfique de la metformine a été mis en évidence dès la semaine 16 de traitement, puisque l'amélioration était déjà de 32,6 m pour le groupe traité (contre 3,6 m pour le groupe placebo).

« Les autres paramètres étudiés avaient pour but de rechercher les mécanismes à l'origine de l'amélioration de la motricité observée avec la metformine », explique au « Quotidien » Marc Peschanski, auteur senior de l'étude et directeur scientifique de l'I-Stem.

Une action sur la posture

Seul un paramètre a été amélioré chez les patients traités : la puissance mécanique, en d'autres termes l'angle de la marche influençant la posture, « qui pourrait contribuer à expliquer les mécanismes de la metformine », souligne le chercheur.

En revanche, ni la force musculaire ni la myotonie n'ont été améliorées, aucune différence significative n'ayant été constatée entre les deux groupes.

Les patients sous metformine n'ont par ailleurs pas rapporté de bénéfice en termes de qualité de vie. Difficulté à quantifier les changements de la vie courante et effets indésirables (en particulier gastro-intestinaux) peuvent notamment expliquer cela, selon Marc Peschanski.

Le bénéfice de la metformine chez les patients atteints de dystrophie myotonique de Steinert nécessiterait d'être confirmé par une étude de phase III multicentrique. Toutefois, « nous n'avons pas trouvé de partenaires industriels. Aujourd'hui, nous avons des outils pour tester in vitro des médicaments déjà connus, ce qui devrait faciliter leur repositionnement, mais les industriels ne s'y intéressent pas », déplore Marc Peschanski, qui en appelle aux instances réglementaires.


Source : Le Quotidien du médecin: 9682