L'insuffisance cardiaque, une pathologie en partie héritée

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Publié le 16/07/2018
insuffisance cardiaque

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Crédit photo : PHANIE

Si l'on savait déjà que l'insuffisance cardiaque est parfois une affaire de famille, on ne connaissait pas le degré d'héritabilité de cette pathologie.

Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs menée par le Dr Magnus Lindgren (département de science clinique de l'université Lund) a conçu une étude cas contrôle à partir des données de 21 643 personnes ayant pour particularité commune d'être des enfants adoptés nés entre 1942 et 1990. Ils ont également collecté les données des 43 286 parents biologiques de ces enfants adoptés et de 35 016 de leurs parents adoptifs.

Dans un article publié dans le « JAMA Cardiology », les auteurs ont relevé 194 cas d'insuffisance cardiaque chez les enfants adoptés, 3 972 chez les parents adoptifs et 3 657 cas chez les parents biologiques. Les patients dont les parents biologiques souffrent d'insuffisance cardiaque ont un risque d'insuffisance cardiaque augmenté de 45 %. En excluant les cardiomyopathies, ce surrisque est de 48 %.

En revanche, il n'y a pas de surrisque d'insuffisance cardiaque chez les personnes dont un parent adoptif soufre d'insuffisance cardiaque, que l'on exclut ou non les cardiomyopathies. Les auteurs estiment que la part d'héritabilité, c’est-à-dire la contribution génétique à l'insuffisance cardiaque, est de 26 %, et de 29 % si l'on exclut les cardiomyopathies.

Annuler l'influence de l'environnement

Ce n'est pas la première fois que des chercheurs tentent de mesurer la part d'héritabilité de l'insuffisance cardiaque. En 2005, des résultats de la cohorte Framingham avaient déjà montré un surrisque d'insuffisance cardiaque de 70 % chez les personnes ayant un parent atteint, et de 92 % chez ceux ayant leurs 2 parents malades. Si les investigateurs de l'université de Lund ont pris le parti de s'intéresser à des enfants adoptés, c'est pour distinguer l'héritabilité de la pathologie de la part attribuable aux facteurs familiaux environnementaux.

L'héritabilité est qualifiée de « modeste » par les auteurs, qui estiment qu'il serait « sensé de rechercher des variants génétiques causant l'insuffisance cardiaque » et qu'un « cas d'insuffisance cardiaque chez un parent biologique doit être considéré comme un facteur de risque d'insuffisance cardiaque ». L'augmentation de l'héritabilité avec l'exclusion des cardiomyopathies s'explique par le fait que certaines d'entre elles, et notamment les cardiomyopathies dilatées, ont des origines non génétiques (endocardites, forte consommation d'alcool…).

Une mortalité plus élevée chez les femmes

Les femmes atteintes d'insuffisance cardiaque ont un taux de décès plus important que leurs équivalents masculins, selon une étude parue dans le « Canadian Medical Association Journal ». Les chercheurs de l'université d'Ottawa ont exploré les données de plus de 90 000 patients diagnostiqués entre 2009 et 2014.

Au cours du suivi, 16,8 % des femmes atteintes d'insuffisance cardiaques sont décédées dans l'année qui a suivi leur diagnostic contre 14,9 % des hommes. Le taux d'hospitalisation est également supérieur : 98/1 000 chez les femmes en 2013 contre 91/1 000 chez les hommes.


Source : lequotidiendumedecin.fr