Thérapie ciblée : l'ESMO propose une échelle pour hiérarchiser les mutations tumorales

Par
Publié le 22/08/2018
thérapie ciblée

thérapie ciblée
Crédit photo : Phanie

Afin de faciliter la prise de décision en termes de thérapie ciblée, l'European Society for Medical Oncology (ESMO) a élaboré une échelle permettant de hiérarchiser les anomalies génétiques tumorales en fonction de leur intérêt. La classification ESCAT (ESMO Scale for Clinical Actionability of molecular Targets) fait l'objet d'une publication dans les « Annals of Oncology » parue le 21 août.

« Lorsque les patients bénéficient du séquençage génétique de leur tumeur, les résultats fournissent une liste des anomalies « actionnables », c'est-à-dire qui peuvent être la cible de thérapie ciblée. Le problème, c'est qu'il n'existe pas d'outil qui permet de distinguer les altérations pertinentes de celles qui ne le sont pas », explique au « Quotidien » le Pr Fabrice André, oncologue à Gustave-Roussy et initiateur du projet.

Six niveaux définis par l'ESMO

Un groupe de travail de l'ESMO a ainsi élaboré l'échelle ESCAT pour pallier ce manque. Six niveaux ont été définis pour classer les anomalies : I) anomalies pour lesquelles des médicaments ciblés ont fait leur preuve et peuvent être utilisés en routine, II) anomalies susceptibles de bénéficier d'un médicament ciblé, mais pour lesquelles des données supplémentaires sont nécessaires, III) anomalies pour lesquelles un bénéfice clinique a été démontré dans d'autres types de tumeurs ou pour des cibles moléculaires similaires, IV) anomalies pour lesquelles il existe des preuves précliniques du bénéfice des thérapies ciblées, V) anomalies pour lesquelles des médicaments ciblés entraînent une réponse, mais sans bénéfice et pour lesquelles des combinaisons peuvent être envisagées et X) anomalies n'entraînant aucune réponse en cas de blocage.

Adopter un langage commun

« L'objectif de l'ESMO est que ce système soit intégré aux résultats de séquençage, afin que chaque anomalie soit associée à un niveau de preuve », indique le Pr André. « Ce système graduel permettra au patient de savoir si une anomalie est pertinente sans susciter de faux espoirs et au médecin de prioriser les anomalies afin de choisir le traitement le plus efficace », poursuit-il.

Ce système de priorisation permet d'adopter un langage commun. Elle montre par exemple avec clarté l'intérêt d'une anomalie de type I par rapport à une de type IV. « L'ESCAT devrait ainsi éviter que des patients soient traités par thérapie ciblée en cas d'anomalie de niveau de pertinence clinique faible », précise le Pr André, qui espère une meilleure utilisation des résultats de séquençage génétique avec le déploiement attendu de cet outil.


Source : lequotidiendumedecin.fr