Dans les formes héréditaires

Une mutation identifiée dans le cancer de la prostate

Publié le 12/01/2012
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MALGRÉ l’existence d’une forte composante familiale, il est difficile d’identifier les bases génétiques du cancer héréditaire de la prostate. Les analyses de liaison génétique ont été décevantes. À l’opposé, les études d’association du génome entier ont conduit à l’identification de plus de 30 polymorphismes associés au cancer de la prostate. Pourtant, l’ampleur du risque attribuable à chaque variant est faible, expliquant moins d’un quart du risque familial.

Une des régions les plus étudiées dans la recherche de loci de susceptibilité au cancer prostatique est le chromosome 17q21-22. C’est cette région qui a été analysée dans une nouvelle étude signée Charles Ewing et coll. et publiée dans le « New England Journal of Medicine ».

Les auteurs de ce travail se sont intéressés à des hommes ayant un cancer de la prostate et ayant : soit au moins un parent du premier ou du deuxième degré, vivant, et atteint aussi d’un cancer de la prostate ; soit ayant eu un diagnostic de leur cancer avant 55 ans, indépendamment de leurs antécédents familiaux.

C’est ainsi qu’ont été passés au crible 200 gènes de la région 17q21-22 chez 94 sujets non apparentés, atteints d’un cancer prostatique et appartenant à des familles sélectionnées, pour des analyses de liaison de la région candidate.

Mutation rare mais récurrente du gène HOXB13.

Résultat : les chercheurs ont découvert que les sujets de quatre familles étaient porteurs d’un mutation rare mais récurrente (G84E) du gène HOXB13, gène d’un facteur homeobox de transcription qui joue un rôle important dans le développement prostatique. Dans ces quatre familles, les 18 hommes qui avaient un cancer prostatique, et pour lesquels on disposait d’ADN, étaient porteurs de la mutation. Le fait de posséder cette mutation était multiplié par un facteur 20 dans une population de 5 083 sujets non apparentés d’origine européenne porteurs d’un cancer de la prostate - la mutation étant retrouvée chez 72 de ces 5 083 sujets (1,4 %) ; à titre comparatif, la mutation n’était retrouvée que chez 1 sujet sur 1 401 contrôles (0,1 %). Enfin, la mutation était significativement plus fréquente chez les hommes ayant un cancer familial à début précoce (3,1 %) que chez ceux ayant un cancer à début tardif, non familial (0,6 %).

« Le nouveau variant G84E du gène HOXB13 est associé à une augmentation significative du risque de cancer héréditaire de la prostate. Même si ce variant concerne une faible fraction de tous les cancers prostatiques, cette découverte a des implications pour l’évaluation du risque de cancer de la prostate », concluent les auteurs.

Charles Ewing et coll., New England Journal of Medicine du 12 janvier 2012, pp. 141-149.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9064