LE VIRUS RESPIRATOIRE syncytial (VRS) nuira-t-il encore impunément chaque hiver ? Les résultats de chercheurs français, de l’Institut pasteur, du CNRS, de l’INRA et de l’université Paris-Sud laissent espérer que ce grand pourvoyeur de bronchiolites chez les enfants se fera enfin « pincé ». En décrivant la structure tridimensionnelle d’un complexe formé par l’ARN et une protéine du VRS, l’équipe dirigée par Félix Rey et Jean-François Éléouët vient de découvrir comment le virus se multiplie dans la cellule infectée. Il apparaît que la nucléoprotéine joue un rôle clef dans le processus, puisqu’elle doit « s’ouvrir » pour permettre l’accès au génome viral. Ce serait une cible idéale pour la mise au point de nouveaux médicaments : des molécules bloquant son ouverture interrompraient ainsi la réplication du virus et sa dissémination dans les voies respiratoires.
Cristallisation du VRS.
Le VRS stocke son matériel génétique sur une molécule d’ARN, simple brin, contrairement à la plupart des êtres vivants, qui portent leur information génétique sur une molécule d’ADN, double brin. Cet ARN est enveloppé par une protéine, appelée nucléoprotéine. Le rôle de cette nucléoprotéine est à la fois de protéger l’ARN viral des défenses immunitaires de la cellule infectée et de participer à sa multiplication en présentant l’ARN à l’enzyme virale qui le recopie.
Pour faciliter l’étude, les chercheurs ont cristallisé le complexe protéine/ARN. Après avoir visualisé les cristaux à l’aide d’un appareil produisant des rayons X très puissants, le synchrotron, ils ont pu traiter les données par informatique et reconstituer une image à haute résolution du complexe. Cette reconstitution montre comment les nucléoprotéines s’associent les unes aux autres, à l’aide de « bras » pour former une chaîne tout au long de l’ARN. Chaque nucléoprotéine est constituée de deux domaines qui se referment autour de l’ARN comme une pince. Comme ces deux domaines sont séparés par une charnière flexible, les scientifiques ont émis l’hypothèse que lors de la multiplication virale, la pince s’ouvre et laisse uniquement passer l’enzyme permettant la lecture de la séquence d’ARN. L’information génétique serait ainsi toujours protégée au sein du complexe. L’image détaillée de la structure tridimensionnelle du VRS a fait l’objet d’un dépôt de brevet. L’analyse de la structure fine du complexe ARN-protéine ouvre une nouvelle voie pour le développement de médicaments « sur mesure » capables d’inhiber la réplication virale.
Science, 27 novembre 2009, volume 326.
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