Drépanocytose et corticoïdes : un risque majoré de crise vaso-occlusive sévère, une prescription à éviter, rappelle une large étude française

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Publié le 29/04/2022
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Crédit photo : Phanie

Les patients drépanocytaires ayant reçu des corticostéroïdes ont un risque augmenté d'hospitalisation pour crise vaso-occlusive sévère, confirme dans « Blood » la plus large étude menée sur le sujet. Les sujets âgés, les femmes et les patients non traités par hydroxyurée s'avèrent être les plus concernés.

À part les cas cliniques, il s'agit de la première étude évaluant systématiquement l'association selon les auteurs. Ces nouveaux résultats obtenus à partir d'un total de 5 151 patients drépanocytaires entre 2010 et 2018 confirment « que les corticoïdes devraient être évités autant que possible chez ces patients », rapporte ainsi la Dr Ondine Walter de l'université de Toulouse et première autrice.

La drépanocytose touche un patient noir sur 365. Les crises vaso-occlusives sont les complications les plus fréquentes de cette maladie héréditaire et peuvent entraîner des douleurs très intenses et des atteintes d'organes irréversibles.

Données du Sniiram

L'étude s'est appuyée sur la base de données de Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniiram). Les patients inclus avaient eu au moins une hospitalisation pour crise vaso-occlusive et l'exposition aux corticoïdes était recherchée dans les prescriptions enregistrées. « D'après nos données, les corticoïdes sont fréquemment prescrits pour des pathologies sans lien avec la drépanocytose, explique la Dr Walter. Les crises vaso-occlusives et l'hospitalisation associée semblent suivre assez rapidement la prescription de corticostéroïdes. » La prise de corticoïdes était significativement associée à la survenue d'une hospitalisation pour crise vaso-occlusive (OR : 3,8). Le temps médian entre la prescription de corticoïdes et l'hospitalisation était de seulement cinq jours.

Aussi étonnant était que près de la moitié des patients drépanocytaires (46 %) ont eu au moins une prescription de corticoïdes durant la période d'étude. Pour l'autrice, ce constat invite à communiquer largement auprès des médecins et des patients sur les risques potentiels, en particulier pour une indication peu justifiée à leur utilisation.

L'hydroxyurée, un facteur protecteur

« Les corticostéroïdes sont la plupart du temps faciles à éviter, et dans les circonstances où ils sont nécessaires, c'est important de les commencer en collaboration avec un spécialiste de la drépanocytose et de prendre toutes les précautions appropriées pour les administrer en sécurité », estime la Dr Walter.

Le traitement par hydroxyurée, administré pour éviter les événements douloureux et le besoin de transfusion, semble protéger de la complication. Chez les patients traités par la molécule, l'OR était de 2,6 alors qu'il était de 4,0 chez les patients non exposés.

« Des facteurs, tels que l'utilisation d'hydroxyurée, le fait d'être un homme et le jeune âge, sont associés à un risque plus faible d'hospitalisation après prise de corticoïdes dans notre étude. Mais, d'après nos résultats, il faut y penser à deux fois avant d'utiliser les corticoïdes chez les patients drépanocytaires », insiste la Dr Walter.


Source : lequotidiendumedecin.fr