L’immunothérapie comme arme supplémentaire contre le cancer est une stratégie prometteuse en plein essor.
Parmi les récents succès, la thérapie par transfert adoptif de lymphocytes T provenant de la tumeur (lymphocytes T infiltrant la tumeur ou TILs) a donné des résultats impressionnants dans le mélanome métastatique, ainsi que dans d’autres cancers solides. Mais les TIL ne sont pas présents chez tous les patients.
L’équipe du Dr Ivan Borrello (université John Hopkins, Baltimore) vient de montrer, dans un premier essai de phase 1, qu’il est possible d’utiliser les lymphocytes T de la moelle osseuse (« lymphocytes T infiltrant la moelle » ou MILs) comme une thérapie cellulaire adoptive contre le myélome.
L’essai a porté sur 25 patients atteints de myélome (nouveau ou en rechute) et devant subir une greffe de cellules souches périphériques. Les MILs ont été obtenus par prélèvement de moelle (sous antalgique IV), puis ont été activés et amplifiés en laboratoire (sur billes paramagnétiques recouvertes d’anti-CD3/CD28 plus IL-2), avant d’être re-injectés chez les patients 3 jours après la chimiothérapie myélo-ablative et la greffe.
Prochaine étape, 90 patients
Les MILs qui, à la différence des TILs, peuvent être cultivés chez tous les patients comme le révèle l’étude, génèrent une puissante immunité contre le myélome qui persiste un an après la greffe. L’ampleur de la réponse immune anti-myélome observée dans la moelle osseuse est corrélée au bénéfice clinique. Une réduction d’au moins 90 % de la tumeur augmente significativement la survie sans progression (25 mois contre 12 mois). Par ailleurs, le transfert adoptif des MILs est bien toléré, n’entraînant que des effets secondaires minimes et limités. Selon les auteurs, la thérapie pourrait être utilisée en première intention.
« Nous pensons que les MILs, comparées aux lymphocytes sanguins périphériques, offrent une meilleure source de cellules T pour la thérapie cellulaire adoptive, déclare au « Quotidien » le Dr Borrello. Bien que nos premières études se concentrent sur le myélome, il y a tout lieu de croire que ces cellules pourraient être utilisées contre tous les cancers hématologiques et peut-être même d’autres maladies. »
Un essai randomisé multicentrique a déjà été lancé - à John Hopkins et dans 3 centres en Floride - qui inclura 90 patients présentant un myélome à haut risque en rémission. Tous les patients auront tous une greffe de cellules souches mais seule la moitité d’entre eux bénéficiera d’une thérapie adoptive par les MILs.
En cas de rechute chez les patients non traités par transfert adoptif de MILs, ceux-ci recevront une thérapie par les MILs précédée d’une chimiothérapie non myélo-ablative. L’étude doit permettre de répondre à deux questions. Quelle est l’efficacité des MILs ? La greffe est-elle vraiment nécessaire, ou une chimiothérapie légère sans greffe peut-elle suffire ? « Le premier critère d’efficacité est la survie sans progression et nous espérons terminer l’inclusion avant fin 2016 », précise le Dr Borrello.
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