Les médecins face aux risques, rares mais réels, liés aux vaccins contre le rotavirus

Publié le 01/04/2015

Crédit photo : PHANIE

C’est une nouvelle qui ne va certainement pas rassurer une population déjà en proie au doute sur le bien-fondé de la vaccination… Deux nouveaux vaccins se retrouvent sous les feux de la rampe : le Rotarix (du laboratoire GlaxoSmithKline) et le RotaTeq (de Sanofi Pasteur MSD) – indiqués dans la prévention des gastroentérites causées par des infections à rotavirus – peuvent provoquer des effets secondaires graves, notamment des invaginations intestinales aiguës (IIA).

47 cas d’invaginations intestinales aiguës

Mardi, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié les dernières données du suivi national de pharmacovigilance sur le sujet: depuis le début de la commercialisation des deux vaccins (2006-2007), et jusqu’au 31 octobre 2014, 508 notifications d’effets indésirables médicalement confirmées ont été recueillies et analysées par l’ANSM, dont 201 graves. Parmi ces dernières, 47 cas d’IIA ont été rapportés, 2 aboutissant au décès des petits patients.

« Le taux de notification est préoccupant si on le compare aux taux de notification observés avec d’autres vaccins pédiatriques », concluent les membres du Comité technique de pharmacovigilance. Pour tempérer l’inquiétude, l’ANSM rappelle que, depuis neuf ans, plus d’un million de doses des deux vaccins ont été distribuées.

Un courrier appelant à la vigilance

Dans un courrier envoyé aux professionnels de santé, l’instance exhorte ces derniers à informer systématiquement les parents des réactions pouvant survenir au décours de la vaccination de leurs enfants : « Les invaginations intestinales aiguës rapportées après la vaccination surviennent dans le mois suivant la vaccination, avec un pic dans les sept jours. » Douleurs abdominales, pleurs répétés et inhabituels de l’enfant, vomissement, présence de sang dans les selles, ballonnements abdominaux et/ou fièvre élevée… La survenue de symptômes évocateurs d’IIA nécessite une prise en charge immédiate.

Le Haut Conseil de santé publique (HCSP), pour sa part, a prévu de réexaminer, dans les prochains jours, ses recommandations relatives à la vaccination des nourrissons contre les infections à rotavirus.

Mercredi matin sur radio Classique/LCI, la ministre de la Santé s’est également exprimée sur le sujet, soulignant le rôle essentiel joué par les médecins pour rassurer les familles et évaluer l’intérêt du vaccin, qui « n’est pas considéré comme un vaccin inscrit au calendrier obligatoire ou même recommandé, rappelle-t-elle. C’est donc aux médecins (...) de voir au cas par cas si le vaccin est utile ».

Un généraliste sur quatre doute de l’utilité de la vaccination en général

Or, d’après une enquête publiée mardi par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), les praticiens n’auraient pas toujours confiance en eux pour informer leurs patients au sujet de la vaccination en général.

L’enquête, réalisée entre avril et juillet 2014, auprès de plus de 1 500 généralistes, révèle que près d’un quart des praticiens émettent des doutes vis-à-vis des risques et de l’utilité des vaccins, 8 % seraient même « peu confiants ». Ces derniers seraient « beaucoup moins souvent à l’aise que les autres pour donner des explications à leurs patients sur les risques des vaccins et font bien moins souvent confiance aux différentes sources d’informations, notent les auteurs du rapport. Leur hésitation à vacciner pourrait renforcer celle des patients et contribuer à l’insuffisance des couvertures vaccinales (...), en particulier celles sujettes à controverses ».

L’analyse montre que la quasi-totalité des généralistes interrogés (97 %) est cependant favorable à la vaccination en général, et que la grande majorité fait confiance aux autorités et agences sanitaires pour fournir des informations fiables sur les vaccins. Paradoxalement, plus de la moitié (53 %) de ceux-ci pensent que les sources officielles sont influencées par l’industrie pharmaceutique. Enfin, le rapport montre que près d’un tiers des médecins (29 %) rapportent préférer se fier à leur propre jugement plutôt qu’aux recommandations officielles.

Clémentine Wallace

Source : lequotidiendumedecin.fr