Six ans après celui pour le dépistage du VIH, c’est au tour du TROD spécifique au virus de l’hépatite C d’être lancé sur le marché français.
Le premier à être homologué et à disposer du marquage CE sera disponible dès le moi de mai et distribué par le laboratoire français Nephrotek, sous la marque Toyo. Son utilisation est simple : une goutte de sang prélevée au bout du doigt de la personne est mise en contact, après dilution, avec un réactif chimique, comme pour les tests de grossesse. La lecture, quinze minutes plus tard, se fait en fonction de l’apparition ou non de bandes colorées : deux bandes rouges indiquent la présence d’anticorps anti-VHC et signifient que le test est positif. Les performances affichées en termes de sensibilité, de spécificité, de valeur prédictive positive ou négative sont toutes de 100 %. L’association HF Prévention qui s’est spécialisée dans l’information et le dépistage sur les lieux de rencontre extérieurs (forêts, parkings, aire d’autoroute…) et les milieux ouverts ciblés (universités, centres commerciaux, cœurs de cités…) rappelle que sa campagne 2015 durant laquelle elle a réalisé près de 4 000 TROD du VIH a permis un taux de découverte de 1,6 % de nouveaux séropositifs. Concernant le dépistage du VHC pour lequel elle va développer un dispositif similaire, l’association précise que l’utilisation du TROD va « offrir l’opportunité de dépister l’hépatite C hors les murs et au plus proche des populations qui s’ignorent ».
Ne dépister que si l’on peut traiter
D’après les dernières données de l’Institut de veille sanitaire (InVS) de 2015, il y aurait en France 80 000 personnes infectées par le VHC qui l’ignorent toujours, soit 43 % de la totalité des personnes atteintes. Une ignorance de son statut sérologique qui s’explique par une méconnaissance globale de cette maladie. Une enquête IFOP de 2016 commandée par HF Prévention montre ainsi que seuls 21 % des personnes interrogées connaissent les modes de transmission du VHC et que 70 % d’entre elles en ignorent totalement les symptômes. Un répondant sur cinq s’est fait dépister et plus d’un tiers pensent qu’il existe un vaccin. Si l’arrivée du TROD pour aider au dépistage de cette pathologie dans ce contexte de méconnaissance généralisée est saluée unanimement par les acteurs de la prévention, le Dr Pascal Mélin, hépatologue et président de « SOS Hépatites » rappelle cependant qu’ « il ne faut pas que le TROD soit médicalisé et se substitue au test classique ». Il ne s’agit en effet que d’un test d’« orientation diagnostique » qui demande à être confirmé par un test en laboratoire et des examens complémentaires, d’autant que 30 % des personnes positives au test du VHC ont bien été exposées au virus, mais ont guéri spontanément et ne présentent pas de charge virale. S’il sera clairement utile dans des contextes où évoluent des publics vulnérables et/ou peu sensibles à la prévention, le Dr P. Mélin ne voit donc « pas bien l’intérêt de mettre le TROD au cabinet du généraliste ».
Par ailleurs, il « imagine mal que la ministre lance le TROD et n’élargisse pas l’accès au traitement ». Un avis partagé par le professeur Christophe Hézode, hépatologue au CHU Henri Mondor (Créteil) qui rappelle qu’ « un dépistage non suivi de traitement n’a aucun effet sur la prévalence » et qu’« il est désormais temps de donner l’accès au traitement à tous les malades » pour « envisager une éradication de cette pathologie en France d’ici 8 ans ».
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