LE TRAVAIL de Tu Youyou commence en 1967, pendant la révolution culturelle chinoise, quand le gouvernement chinois lance un projet militaire secret : trouver des médicaments contre le paludisme. Le projet est confié à Tu Youyou. Mais qui est-elle ?
Diplômée de la Medical University School of Pharmacy de Pékin en 1955, Tu Youyou se lance dans la recherche sur les herbes chinoises à l’Académie chinoise des sciences médicales chinoises. C’est le gouvernement qui lui confie la tête du fameux projet destiné à trouver des traitements contre le paludisme résistant à la chloroquine, projet appelé « 523 » car lancé officiellement le 5e mois de l’année, exactement le 23 mai (May 23, donc 523) 1967. Sont inclus dans ce travail des chercheurs en phytochimie et en pharmacologie. Dans un premier temps, sont étudiées plus de 2 000 préparations d’herbes chinoises. En 1971, 380 extraits sont obtenus à partir de 200 herbes. Ces extraits sont alors testés contre le parasite chez la souris. Un de ces extraits, obtenu à partir de l’herbe qinghao, Artemisia annua L, (sweet wormwood) inhibe de façon notable la croissance du parasite. Pourtant, les résultats ne sont pas reproductibles.
Tu Youyou se penche alors sur la littérature, y compris un ouvrage sur les prescriptions urgentes écrit par un médecin chinois du IIIe siècle, Ge Hong. Le livre contient une référence à qinghao : « Jeter une poignée de qinghao dans deux litres d’eau, recueillir le jus et le boire en entier ». Youyou se dit alors que, probablement, dans les travaux de son équipe, la chaleur a pu détruire les composés actifs du qinghao.
Après avoir obtenu un extrait neutre et non toxique, Tu Youyou et deux membres de son équipe se portent volontaires pour ingurgiter l’extrait avant de commencer des essais contre le paludisme chez des patients.
En première intention.
Plusieurs études sont par la suite publiées en chinois ; le premier article en anglais rapportant l’efficacité de l’artémisine apparaît en 1979, mais les auteurs sont anonymes, selon les coutumes chinoises de l’époque. Pourtant, Tu Youyou présente ses travaux à une réunion scientifique des Nations Unies à Pékin en 1981. L’artémisine continue à susciter l’intérêt pendant toutes les années 1980. Si bien que, actuellement, l’OMS la recommande en association en traitement de première ligne du paludisme à Plasmodium falciparum non compliqué.
Se disant extrêmement honorée par cette récompense, Tu Youyou la considère comme la reconnaissance internationale de la valeur de la médecine traditionnelle chinoise pour la découverte de nouveaux médicaments.
Ce prix Lasker permettra aux jeunes générations de Chinois de découvrir les travaux de Tu Youyou, estime Tim Shi, directeur de « GlobalMD », un réseau de professionnels de médecine et de santé publique. Certes, un documentaire sur le travail de Tu Youyou a été diffusé par la télévision chinoise en début d’année, mais en dehors des communautés médicales et scientifiques, peu de Chinois connaissent cette chercheuse. « Vous ne voyez son nom ni dans les livres médicaux ni ailleurs », indique Tim Shi.
Shamila Devi, The Lancet, 24 septembre 2011, p. 1129 (rubrique Worl Report).
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