Une étude sur trois anticorps monoclonaux

Deux nouveaux traitements contre Ebola sont sur les rangs

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Publié le 05/12/2019
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Pour la première fois, trois anticorps monoclonaux dans l'infection au virus Ebola ont été comparés en contexte épidémique. Les deux nouvelles molécules, MAb114 et REGN-EB3, se sont révélées plus efficaces que le ZMapp.

Crédit photo : Phanie

Lors de l'épidémie d'infection par le virus Ebola en Afrique de l'Est (décembre 2013-mars 2016), la presse s'était beaucoup étendue sur l'anticorps monoclonal Zmapp. Ce traitement, développé par Mapp biopharmaceutical et l'Agence de santé publique du Canada, a fait ses preuves dans l'étude PREVAIL II (1). Plus confidentiels, les anticorps MAb114 et REGN-EB3 (1) pourraient se révéler des candidats finalement plus convaincants.

Dans une étude publiée dans le « New England Journal of Medicine » (2), des chercheurs internationaux rassemblés sous la bannière du Consortium d'étude PALM ont procédé à une étude randomisée au sein des centres de traitements mis en place en République Démocratique du Congo.

Au total, 681 patients ont été répartis en 4 groupes : un groupe contrôle traité par ZMapp, un groupe traité par l'antiviral remdesivir, et deux autres groupes respectivement pris en charge avec l'anticorps MAb114, et l'anticorps REGN-EB3. Le critère principal de jugement était le taux de mortalité au bout de 28 jours de traitement.

Le ZMapp moins efficace

À la fin du suivi, 35,1 % des patients du groupe MAb114 étaient décédés, contre 49,7 % de ceux du groupe ZMapp group, 53,1 % des patients sous remdesivir et 33,5 % des patients sous REGN-EB3. Les auteurs précisent que les patients sous REGN-EB3 ont été intégrés plus tardivement dans le protocole. Comme la prise en charge varie selon la phase épidémique, les chercheurs ont comparé les patients sous REGN-EB3 à un « sous-groupe » de patients sous ZMapp recrutés en même temps qu'eux. Dans ce sous-groupe, le taux de décès à 28 jours était de 51,3 %.

Les auteurs précisent que des taux de survies significativement plus élevés chez les patients pris en charge peu de temps après le début de leurs symptômes.

En dehors des données d'efficacité en elles-mêmes, cette publication démontre que « des recherches randomisées sont possibles, scientifiquement, comme éthiquement, au cours des crises épidémiques », concluent les scientifiques.

(1) Développé par le centre de recherche sur les vaccins de l'Institut national américain de la santé et l'Institut national pour la recherche biomédicale de la république démocratique du Congo (MAb114) et Regeneron (REGN-EB3).
(2) Sabue Mulangu et al, New England Journal of Medicine, DOI: 10.1056/NEJMoa1910993, novembre 2019

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin