Épidémie de fièvre de Marburg : la riposte s'organise pour chercher un vaccin

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Publié le 15/02/2023
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Crédit photo : AFP

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a réuni d'urgence, ce 14 février après-midi, son consortium Marvac candidats vaccins susceptibles d'être déployés en Guinée équatoriale où une épidémie a officiellement été déclarée pour la toute première fois le 13 février.

Selon un premier point épidémiologique présenté par le Dr Mike Ryan, directeur du programme d'urgences sanitaires de l'OMS, le cas index de l'épidémie date du 7 janvier dernier. L'épidémie a été notifiée par le gouvernement guinéen le 7 février. On dénombre à ce jour 9 morts, des membres de la famille proche du cas index ou des personnes ayant assisté à son enterrement. Seize cas suspects ont été mis en quarantaine, mais aucun nouveau n'a été relevé au cours des 48 dernières heures.

Cinq candidats vaccins sérieux, dont deux disponibles immédiatement

Au sein de la longue liste de candidats vaccins contre Marburg utilisant diverses plateformes (vaccins ADN, vaccins à adénovirus, vaccins à sous-unités protéiques et vaccins à virus entier) le Marvac a identifié cinq candidats suffisamment avancés dans leur développement pour être évalués dans le cadre d'une recherche d'urgence. Trois d'entre eux sont des vaccins monodoses basés sur le virus de la stomatite vésiculaire (VSV) et respectivement développés par le laboratoire IAVI, par l'Agence de la santé publique du Canada et par Emergent. Un autre vaccin est celui basé sur l'adénovirus de chimpanzé (ChAd3-MARV, laboratoire Sabin) et le dernier est basé sur l'adénovirus de type 26 (AD26FILO suivi d'un boost MVA-BN-FILO, Janssen). Seuls les deux derniers ont fait l'objet d'une étude de phase 1.

Questionnés au cours de la réunion sur la disponibilité respective de leurs candidats vaccins, les représentants de Sabin ont annoncé disposer d'une centaine de doses de grade clinique. L'Agence de la santé publique canadienne (à l'origine du vaccin Ervebo contre le virus Ebola de MSD) a déclaré disposer d'environ 350 doses, plus 300 supplémentaires en fabrication, et Janssen a affirmé pouvoir délivrer jusqu'à 3 500.

Protocole inspiré des essais contre Ebola 

En ce qui concerne le protocole de l'étude qui pourrait être mis en place, « notre source d'inspiration est les essais vaccinaux qui ont été mis en place en Guinée lors de l'épidémie d'Ebola de 2015 », explique le Dr Ana Maria Henao-Restrepo, du département de l'immunisation vaccinale et biologique de l'OMS.

Trois stratégies sont envisagées : une étude randomisée sur un territoire donné; une étude en ceinture (vaccination des cas contacts et de leurs propres contacts) avec une randomisation contre placebo à l'intérieur de chaque ceinture; ou une étude en ceinture dans laquelle la randomisation est faite entre les différentes ceintures. Un vaccin sera considéré comme efficace s'il diminue d'au moins 30 % le risque d'infection sévère. Les membres du Marvac estiment qu'il faudrait environ 40 000 participants, ou 400 ceintures, et au moins 150 cas d'infections par le virus Marburg pour parvenir à une conclusion.

Le Marvac a également identifié trois traitements possibles : un anticorps monoclonal spécifique du virus Marburg mAb Mappbio, le remdesivir ou l'utilisation d'un vaccin en prophylaxie post-exposition.

Plus de 4 000 personnes en quarantaine

À l’heure actuelle, il n'existe aucun vaccin ou traitement antiviral approuvé pour traiter le virus. Cependant, les soins de soutien - réhydratation par voie orale ou intraveineuse - et le traitement des symptômes spécifiques augmentent les chances de survie.

La Guinée équatoriale a déclaré « l'alerte sanitaire » dans la province de Kie-Ntem et dans le district (voisin) de Mongomo, et les autorités ont mis en place un plan de confinement en étroite collaboration avec l'OMS pour faire face à l'épidémie dans cette zone recouverte de forêt équatoriale dense (est de la partie continentale du pays).

Le ministre de la Santé, Mitoha Ondo'o Ayekaba, a rapporté le 13 février que « 4 325 personnes sont en quarantaine dans le Kie-Ntem ».

Le virus de Marburg se transmet à l'homme par les chauves-souris frugivores et se propage dans l'espèce humaine par contact direct avec les fluides corporels des personnes infectées, ou avec les surfaces et les matériaux. Cette maladie très virulente provoque une fièvre hémorragique avec un taux de létalité pouvant atteindre 88 %.


Source : lequotidiendumedecin.fr