Gastro-entérites aiguës en EHPAD : la recherche de l'étiologie ne doit pas être négligée

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Publié le 21/06/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

De novembre 2010 à mai 2015, quelque 3 549 épisodes de gastro-entérites aiguës (GEA) - définis comme la survenue d'au moins 5 cas parmi les résidents - ont été déclarés dans 3 404 établissements d'hébergement pour personnes âgées (EHPA dont 93 % d'EHPAD, 1 % d'unités de soins de longue durée, et 6 % de foyers de logements et maisons de retraite), rapporte le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » 18-19, publié par Santé Publique France ce 21 juin.

Et 88 930 résidents ont été déclarés malades, avec des taux d'attaque allant de 28 % à 32 % selon l'année. Du côté du personnel, 17 758 malades ont été recensés. Un bilan qui s'explique par la forte promiscuité dans ces établissements associée au risque de transmission interhumaine.

La saison 2012-2013 se distingue par un taux de signalement élevé (11,5 épisodes pour 100 établissements - vs 5 à 8 pour les autres saisons), qui peut s'expliquer par la circulation d'un nouveau variant de norovirus, GII.4 Sydney, alors que les saisons 2010 à 2012 voyaient davantage le variant GII.4 New Orleans.

Le taux de signalement est plus élevé pour les régions Pays de la Loire, Alsace, Franche-Comté et Bretagne.

Des délais de signalement qui raccourcissent

Les auteurs Alexandra Septfons et coll. notent un raccourcissement du délai de signalement, d'une médiane de 5 jours pour les saisons 2010-2011, à 4 jours pour 2012-2013 et 2014-2015.

Dans plus de 90 % des épisodes, une diarrhée a été rapportée chez au moins 50 % des malades. Des vomissements ont été signalés dans 60 % des épisodes chez au moins 50 % des malades. Pendant les saisons 2010-2011 et 2011-2012, pour 18 à 20 % des épisodes, une fièvre mesurée était signalée chez 50 % des malades. À partir de la saison 2012-2013 cette proportion diminuait à 8 %. La durée médiane des signes cliniques est de 2 jours.

Attention à rechercher l'étiologie et mettre à l'écart le personnel malade

Le norovirus est le principal virus responsable de GEA. Les auteurs rappellent l'importance de limiter sa transmission en appliquant les mesures d'hygiène en moins de trois jours - des recommandations qui semblent « bien comprises et mises en œuvre » lit-on.

Mais ils alertent sur une insuffisante mise à l'écart du personnel malade - certes liée aux difficultés de gestion des ressources humaines, et sur la diminution des recherches d'une étiologie, de 57 % en 2010-2011, à 43 % en 2014-2015. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande de ne pas attendre la pose d'un diagnostic étiologique pour mettre en place les précautions d'usage.

Néanmoins « le taux d'attaque est plus élevé lorsqu'une recherche étiologique n'a pas été effectuée. Les établissements qui s'en dispensent seraient peut-être moins sensibles à la gestion des épisodes de GEA, même si cette association reste difficile à interpréter », remarquent les auteurs. Et d'insister sur l'importance de ces recherches pour caractériser les virus circulants et comparer avec les autres pays européens.


Source : lequotidiendumedecin.fr