L'initiative médicament pour les maladies négligées (DNDi) et le laboratoire pharmaceutique égyptien Pharco Corporation ont annoncé mercredi 13 avril, à l'occasion du Congrès international d'hépatologie (ILC), la signature d'un partenariat visant à développer une association d'antiviraux à action directe contre l'hépatite C à moins de 300 dollars, soit 270 euros.
L'accord porte sur l'organisation conjointe de deux essais cliniques de phase 2 et 3 d'une association de sofosbuvir et de ravidasvir, un inhibiteur de la NS5A appartenant au laboratoire américain Presidio qui a en cédé la licence à plusieurs firmes chargées de le produire à bas coût, et notamment à Pharco par ailleurs économiquement liée à Presidio. « Si nos études sont concluantes, ce traitement pourrait être intégré dans une approche de santé publique pour le traitement de l'hépatite C, comme alternative au rationnement des traitements actuels, se réjouit le Dr Bernard Pécoul, directeur exécutif de DNDi, il est essentiel de trouver un traitement abordable afin que plus aucun malade, riche ou pauvre, ne soit laissé de côté », insiste-t-il.
Efficacité déjà prouvée dans le génotype 4
Selon des résultats présentés à la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) qui s'est tenue du 22 au 25 février à Boston, le taux de guérison de cette association serait comparable à celle de l'association sofosbuvir/daclatasvir, puisqu'un seul des 200 patients égyptiens de l'étude infecté par un VHC de génotype 4 n'a pas eu une réponse virologique soutenue au bout de 12 semaines de traitement. Les deux essais prévus en Thaïlande et en Malaisie sur 300 et 1 000 patients doivent permettre d'évaluer l'efficacité de cette combinaison sur les 4 génotypes, comparée à l'association sofosbuvir/daclatasvir. « Compte tenu des résultats déjà obtenus avec d'autres associations d'un inhibiteur de la NS5B et d'un inhibiteur de la NS5A, une efficacité pangénotypique est tout à fait envisageable », estime le Dr Sherine Helmy, PDG de Pharco Pharmaceutical. Pour DNDi, l'enjeux va au-delà de simplement apporter la preuve de l'efficacité d'une énième association d'anti-protéases. « Nous souhaitons proposer une nouvelle façon de développer un traitement, explique au « Quotidien » le Dr Graciela Diap, coordinateur médical de DNDi, cela ne sert à rien de se contenter d'apporter des nouveaux traitements à des pays si l'on ne propose pas l'organisation des soins qui va avec. Il faut aussi expérimenter des moyens de raccourcir le délai entre le diagnostic et le début de la prise en charge », précise-t-elle.
Accélérer le dépistage et la mise sous traitement
Parallèlement à ces deux essais, des équipes supervisées par le DNDi vont tenter de trouver des approches permettant d'étendre et d’accélérer le dépistage, la caractérisation et la mise sous traitement des patients. « Si notre association fonctionne sur les 4 génotypes, on pourra déjà se passer du génotypage systématique, poursuit le Dr Diap, et s'il s'avère que l'observance et la sécurité sont bonnes, on pourrait confier la prescription et le suivi aux médecins généralistes et aux infirmières, surtout dans les régions qui manquent d'hépatologues et d'infectiologues. » Selon une représentante du ministère de la Santé malaysien présente lors de l'annonce, les premiers traitements sont prévus pour le mois de juillet, les participants ayant déjà été identifiés.
Le faible prix annoncé tient également au fait que le sofosbuvir entrant dans la composition de cette association est produit par Pharco, suivant un procédé différent de celui breveté par Gilead, et n'est donc pas la propriété intellectuelle de la firme de Foster City. Le ravidasvir, quant à lui, présente un schéma de distribution compliqué. Dans des pays comme le Brésil, le Mexique, le Chili, l'Argentine, la Thaïlande, la Turquie, l'Inde, l'Afrique du Sud ou encore l'Indonésie, c'est le DNDi qui dispose d'une licence exclusive d'exploitation.
Dans les pays du Maghreb, en Éthiopie, en Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, la Roumanie, la Pologne et les pays d'Asie centrale, ce sont d'autres partenaires, dont Pharco, qui détiennent ces droits. Enfin, si aucun autre partenaire n'a été trouvé d'ici à mars 2018 pour une distribution dans l'Union européenne et en Amérique du Nord, Presidio s'est engagé à céder également la licence du ravidasvir à DNDi pour ces territoires. « Il sera alors possible de renégocier avec les ministères et les industriels pour revoir à la baisse les antiviraux qui seront mis en association avec le ravidasvir », prévoit le Dr Pécoul.
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