Hépatite C : prévalence en baisse avant même l'arrivée des antiviraux

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Publié le 17/05/2016
HEP C

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Crédit photo : PHANIE

Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » est tout entier consacré cette semaine aux hépatites B et C. C'est le premier numéro publié sous l'égide de la nouvelle Agence nationale de santé publique, ce qui témoigne de « l'attention portée à ce problème de santé » comme le souligne le Pr Pierre Czernichow (CHU de Rouen) dans un éditorial associé.

La première étude présentée dans ce numéro du « BEH » sera utile pour mesurer l'impact des nouveaux antiviraux dans la prise en charge de l'hépatite C. Les données de prévalence de l'hépatite C de 1994 et de 2004 avaient permis d'orienter les plans de lutte contre la maladie mis en place dans les années 2000, les nouvelles estimations de Corinne Pioche et col. se situent dans le contexte de l'arrivée des antiprotéases en 2011 et celle des antiviraux d'action directe qui ont révolutionné la prise en charge.

 

Ac anti-VHC et ARN VHC

 

En l'absence d'une enquête en population générale, les auteurs ont utilisé une méthode directe en divisant la population de France métropolitaine en 5 sous-groupes (usagers de drogues injecteurs et non injecteurs, personnes transfusées avant 1992, personnes immigrées, reste de la population) pour lesquels ont été appliquées des données de prévalence à la taille de ces populations.

Les prévalences des Ac anti-VHC et de l’ARN du VHC ainsi obtenues sont en baisse par rapport à 2004. En 2011, le nombre total de personnes Ac anti-VHC positives est estimé à 344 500 personnes âgées de 18-80 ans, ce qui correspond à une prévalence de 0,75 %. Le nombre total de personnes ARN VHC positives est estimé à 192 700 personnes, soit une prévalence de 0,42 %. En 2004, ces estimations étaient respectivement de 367 100 et de 232 200.

Même si les comparaisons entre ces deux périodes doivent être prudentes – méthodologie différente –, la tendance à la diminution du nombre de personnes infectées chroniques par le VHC entre 2004 et 2011 est cohérente avec les données épidémiologiques françaises disponibles. La prévalence est nettement en diminution chez les usagers de drogues, principal réservoir de transmission du VHC. Chez les transfusés, le risque qui était majeur avant la mise en place du dépistage systématique des Ac anti-VHC sur chaque don de sang, est aujourd'hui extrêmement faible. Par ailleurs, même si des cas de transmission du VHC en milieu de soins sont encore documentés, le risque a probablement continué à diminuer depuis 2004 avec l'amélioration des mesures d'hygiène.

 

Message d'espoir

 

Cette tendance à la baisse de la prévalence de l'hépatite C est « un message d'espoir », commente le Pr Czernichow. « Avec l’arrivée des nouvelles générations de traitement de l’hépatite C, cette tendance à la baisse de la prévalence devrait se confirmer et s’accentuer », conclut-il.

Concernant l'hépatite B, l'étude de Cécile Brouard et coll. montre que l'incidence des hépatites aiguës reste faible : 291 cas diagnostiqués, soit un taux de nouvelles infections de 0,44 pour 100 000 habitants, les hommes plus souvent que les femmes. « Près de 80 % des cas déclarés pour lesquels au moins une exposition à risque est retrouvée avaient une indication vaccinale », soulignent les auteurs. Ils concluent d'ailleurs que l'incidence de l'hépatite B pourrait être encore plus faible si les recommandations vaccinales étaient mieux appliquées.

Enfin l'étude de la mission France de Médecins du monde montre qu'aussi bien pour le VHB que pour le VHC, il est important de limiter les opportunités manquées de dépistage. L'étude réalisée dans les Centre d'accueil, de soins et d'orientation (CADSO) de MDM montre que seulement 24 % des 28 517 personnes reçues en 2014 connaissaient leur statut vis-à-vis des hépatites. Les Français étaient 58 % à l'ignorer contre 78 % des personnes étrangères.


Source : lequotidiendumedecin.fr