Encéphalopathie spongiforme transmissible

La preuve de la responsabilité d’un prion mal replié est acquise

Publié le 04/02/2010
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CE QUI demeurait une hypothèse, très hautement probable il est vrai, vient d’être confirmé par une équipe de chercheurs sino-américains. On l’avait, peut-être oublié, mais la responsabilité d’une protéine prion (Pr-P) mal repliée dans les encéphalopathies spongiformes d’origine infectieuse (Creutzfeldt-Jakob, Kuru) demeurait une spéculation. Fei Wang (Columbus) et coll. sont donc partis d’une Pr-P d’origine murine recombinante pour apporter la preuve de la responsabilité de la protéine.

En effet, au plan fondamental, la vérification de l’hypothèse pouvait être acquise en montrant qu’un prion infectieux pouvait être généré à partir d’un Pr-P recombinant exprimé par une bactérie. L’équipe a donc créé à partir d’Escherichia coli, un prion recombinant murin. Il en possédait les trois critères fondamentaux : l’aptitude à l’agrégation en Pr-P pathogènes, la résistance aux protéases et la capacité d’autorenouvellement. En outre l’équipe a constaté la place essentielle de l’interaction entre le Pr-P et les lipides membranaires dans la modification spatiale de la conformation (le repliement) de la protéine. Notion d’autant moins surprenante que le Pr-P se situe dans les parois cellulaires, riches en lipides.

Les 3 critères de la forme pathogène.

Le Pr-P recombinant a été injecté directement en intra-cérébral chez des souris. Environ 130 jours plus tard, les rongeurs ont déclaré une symptomatologie d’encéphalopathie spongiforme, suivie du décès au 150e jour environ. L’analyse histologique des cerveaux murins confirmait le diagnostic de maladie à prion. La responsabilité de la protéine recombinante dans la survenue de la neuropathologie était acquise. Le prion responsable présentait de plus les 3 critères de la forme pathogène.

Il restait à montrer son infectiosité. Des extraits de tissu cérébral des souris atteintes ont été injectés à de nouveaux rongeurs. Sans grande surprise, ces nouveaux animaux ont été infectés.

L’hypothèse est donc vérifiée. L’infection est bien sous la responsabilité d’une protéine prion de conformation spatiale modifiée. Tout d’abord parce que le prion recombinant présente une structure spatiale similaire à celle du Pr-P infectieux. Ensuite, ce prion recombinant possède bien les capacités d’autorenouvellement. Enfin il entraîne la survenue d’encéphalopathies spongiformes en série chez des souris saines.

Sciencexpress, 28 janvier 2010.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8701