Dans une séance consacrée à l’hépatite virale E, l’Académie de médecine a fait le point sur cette infection, et a en particulier conseillé d’évaluer l’immunogénicité, l’efficacité et l’innocuité du vaccin chinois existant, pour développer une stratégie préventive dans les régions endémiques comme non endémiques.
Le Pr Yves Buisson a rappelé que « deux candidats vaccins ont été évalués avec succès dans les essais de phase II/III : le rHEV, qui n’a pas eu de développement commercial en raison des incertitudes sur sa rentabilité future, et le HEV 239, mis sur le marché en Chine en 2012 sous l’appellation Hecolin pour une utilisation chez les personnes à risque de plus de 16 ans. Mais ce premier vaccin contre l’hépatite E n’est pas encore homologué pour une utilisation dans les autres pays en raison du manque de données sur son efficacité, son immunogénicité et son innocuité dans les populations à risque ciblées par la vaccination. » Il appelle donc à la réalisation d’essais cliniques complémentaires (entre autres pour confirmer son efficacité vis-à-vis des souches de VHE du génotype 3 qui prédominent largement dans le monde développé) et à l’évaluation du rapport coût-efficacité de schémas vaccinaux simplifiés, pour « lever les obstacles économiques qui retardent l’immunisation des personnes à haut risque ».
Une fois un vaccin universellement disponible, les conditions d’utilisation seront très différentes selon le contexte épidémiologique. « Dans les pays en développement où la circulation du virus de l’hépatite E (VHE) est endémo-épidémique, la vaccination devra s’étendre à l’ensemble des personnes à risque, à commencer par les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer, mais aussi aux enfants de moins de 2 ans et aux personnes âgées », a-t-il indiqué, alors que « dans les pays industrialisés où l’hépatite E se manifeste sur un mode sporadique, la vaccination devra cibler en priorité les individus les plus exposés tels que les voyageurs se rendant en région endémique et appelés à y séjourner, mais aussi les personnes immunodéprimées, en attente de greffe et les patients atteints d’hépatopathie chronique ».
Première cause d’hépatite virale aiguë dans le monde
Les académiciens sont aussi revenus sur les données épidémiologiques de l’hépatite E. Cette pathologie est la première cause d’hépatite virale aiguë dans le monde avec plus de 20 millions de cas et 70 000 décès par an. Le Pr Jacques Izopet a aussi indiqué que les chiffres de séroprévalence des IgG anti-VHE (d’après des études menées chez des donneurs de sang) étaient « supérieurs à 20 % pour des pays comme la France (22 %), l’Allemagne (29 %) et les Pays-Bas (21 %), avec une hétérogénéité régionale au sein d’un même pays et une augmentation de la séroprévalence avec l’âge ». « Les génotypes 1 et 2, prédominant dans les pays en développement, sont strictement humains alors que les génotypes 3 et 4, prédominant dans les pays industrialisés, circulent chez l’homme et différentes espèces animales », a-t-il ajouté.
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