Les deux vaccins contre la souche Ebola Zaïre entraînent une immunité sûre et durable

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Publié le 15/12/2022
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Crédit photo : AFP

Trois schémas vaccinaux différents peuvent être utilisés sans risque avec les différents vaccins contre la souche Ebola Zaïre et provoquent une immunisation durable chez une majorité de patients, selon les dernières données publiées par le consortium international Prevac (1) dans le « New England Journal of Medicine ».

Ces résultats confirment la sûreté de trois schémas vaccinaux différents, ainsi que le maintien à 12 mois de la réponse immunitaire induite. « Nous voulions surtout regarder la durabilité de la réponse immunitaire sur laquelle beaucoup de personnes sur le terrain se posent des questions », résume le Pr Yazdan Yazdanpanah, co-investigateur principal de l’essai et directeur de l’ANRS - Maladies infectieuses émergentes.

Il existe deux vaccins efficaces et autorisés contre la souche Ebola Zaïre : le vaccin Ervebo (rVSVΔG-ZEBOV-GP) développé par MSD, et la stratégie vaccinale comprenant le vaccin Zabdeno (Ad26.ZEBOV) combiné au booster Mvabea (MVA-BN-Filo), de Janssen.

Ces deux stratégies ont été autorisées sur la base d'études réalisées dans un contexte d'urgence, lors des différentes épidémies. Des données complémentaires sont encore nécessaires pour établir des recommandations d’utilisation, et notamment pour les différentes catégories de personnes susceptibles de les recevoir.

Trois schémas vaccinaux testés

C'est pourquoi le consortium international Prevac a mené un essai de phase 2 multicentrique, randomisé et contrôlé contre placebo chez 1 400 adultes et 1 401 enfants de 1 à 17 ans. Le premier schéma vaccinal testé consistait à injecter une dose de Zabdeno, suivie 56 jours (8 semaines) plus tard d’une dose de Mvabea (le schéma déjà préconisé par le fabriquant et inscrit dans l'autorisation de mise sur le marché).

Le deuxième schéma consistait à injecter une dose unique d'Ervebo, c’est-à-dire le schéma actuellement employé dans le cadre de la vaccination d’urgence dite « en ceinture », afin de protéger les cas contact lors d'une épidémie. Le troisième schéma commençait par une dose de Ervebo, suivie 56 jours après d’un rappel avec ce même vaccin.

Les données obtenues suggèrent que les trois schémas vaccinaux sont sûrs et bien tolérés chez les adultes et les enfants. Les participants ont bénéficié d'un test Elisa avant la vaccination, puis à intervalles réguliers pendant un an. Le critère primaire d'évaluation était la réponse anticorps à 12 mois, définie à la fois par une concentration d'au moins 200/ml à 12 mois et une multiplication de la concentration à l'inclusion d'au moins un facteur quatre. Ces critères ont été choisis à partir des résultats d'une étude menée au Liberia par les Instituts nationaux américains de la santé.

Au bout de 12 mois, dans le groupe vacciné par Zabdeno, 41 % des adultes et 78 % des enfants dépassaient les 400 unités/ml, pour une concentration moyenne de respectivement 401 et 828 unités/ml Dans le groupe ayant reçu une injection unique d'Ervebo, 76 % des adultes et 87 % d’enfants remplissaient les critères d'efficacité (respectivement 992 unités/ml et 1 415 unités/ml en moyenne).

Enfin, dans le groupe Ervebo en deux doses, 81 % des adultes et 93 % des enfants répondaient aux critères d'efficacité, pour une concentration moyenne de respectivement 1 037 unités/ml et 1 745 unités/ml. Dans le groupe placebo, seulement 3 % des adultes et 4 % des enfants dépassaient les 400 unités/ml. « Le premier message à retenir est que faire deux doses du vaccin de Merck n'apporte pas de bénéfice supplémentaire, explique le Pr Yazdanpanah. Deux mois après la deuxième injection, la titration en anticorps est la même. »

Des indices encourageants pour la protection à un an

« Le second message est que le vaccin protège efficacement à partir du 14e jour après la première injection quel que soit le schéma vaccinal, poursuit le directeur de l'ANRS-MIE. Autres éléments importants : la tolérance est bonne chez les enfants et la protection reste bonne au bout de 12 mois. » Un pic d'anticorps est observé entre 1 et 3 mois après la première vaccination. Les auteurs précisent qu'il n'est pas possible d'affirmer à ce stade que cette réponse immunitaire est suffisante pour prévenir l'infection mais cela reste des données encourageantes au regard de la littérature actuelle. Les effets indésirables les plus fréquents rapportés sont à type de douleurs au point d’injection et de symptômes transitoires et sans gravité dans les 7 jours.

Les données collectées lors de cet essai clinique confirment « la sécurité et l’efficacité potentielle des vaccins disponibles, ce qui va permettre d’affiner les recommandations de vaccination en période d’épidémie d’Ebolavirus Zaïre mais aussi en période inter-épidémies, chez les populations à risque », précise le Pr Yazdanpanah.

Les travaux du consortium Prevac, financés par l'Union Européenne, vont se poursuivre en Afrique de l’Ouest. Les 2 800 patients seront suivis pendant une période de 5 ans pour évaluer leur sécurité à long terme et la durabilité de la réponse immunitaire.

(1) Consortium de recherche formé par des équipes de l’Inserm et d’institutions africaines, américaines et britanniques.


Source : lequotidiendumedecin.fr