Entre l'Italie, confinée depuis bientôt deux mois et la Russie qui a été la dernière à réagir, que retenir des pays étrangers face à la crise qui s'est abattue sur le monde et l'Europe en particulier ? Notre enquête passe en revue les stratégies menées par six Etats, aux frontières de l'Hexagone ou plus loin, et les places qui ont été ont attribuées aux différents acteurs de santé.
Face à la crise comment se sont comportés des pays dont nous sommes proches par la géographie ou par la langue ? L'enquête menée par «Le Quotidien» renvoie à autant de similarités que de particularismes dans les réponses apportées au Covid-19 par nos voisins européens ou par nos cousins québécois. Ces constats sont à méditer pour le futur, alors même que la réponse à cette crise mondiale n’a guère été pensée au niveau multilatéral, mais État par État. L’Europe est, de ce point de vue, un terrain d'observation particulièrement intéressant : épicentre de la pandémie depuis le mois de mars, le Vieux Continent totalise avec plus d’un million de cas de Covid-19 un peu plus de la moitié du total mondial. Dans l'Union européenne, l'Espagne, l'Italie, la France et l'Allemagne sont les quatre pays les plus touchés, mais le Royaume-Uni est celui qui enregistre quotidiennement le plus grand nombre de nouvelles contaminations.
Confrontés à la pandémie, la plupart des pays d'Europe – à l’exception de la Suède — ont pris des mesures de distanciation sociale assez strictes, quoiqu'à géométrie variable. Et, à la faveur d'un ralentissement de la propagation du coronavirus, beaucoup s'apprêtent à organiser un déconfinement prudent de leur population à l’horizon du mois de mai. La politique de dépistage a par ailleurs été mise en œuvre avec une intensité différente selon les États. La plus faible mortalité constatée en Allemagne ou en Autriche est souvent expliquée par un recours aux tests plus précoces et plus étendus. À l’inverse, les difficultés actuelles de la Grande-Bretagne et de la Belgique, avec un fort taux de mortalité dans ces deux pays, sont mises en relation avec la réaction tardive des autorités. Il faut toutefois rester prudent sur les statistiques, qui ne sont probablement pas exemptes de biais.
Coordination timide de l'UE
La crise aura aussi été un révélateur de la timidité de la concertation à l’échelle de l’UE en matière de santé publique. Il est vrai que, dans ce domaine, l’Union Européenne ne dispose que d’une compétence subsidiaire. L’urgence sanitaire a même expliqué quelques couacs entre pays membres au début de la pandémie, illustrés par des embargos ou des détournements sur les livraisons de masques et matériels de protection à destination de l’Italie... L’Union a néanmoins, en début de crise, accordé une subvention pour soutenir la recherche sur le nouveau coronavirus. Et un plan a été annoncé par Bruxelles la semaine dernière. Il prévoit d’aider les systèmes de santé européens, notamment par le réapprovisionnement du matériel médical et l’augmentation des tests et propose des guidelines pour le déconfinement et les réouvertures progressives de frontières. Mais c’est avant tout une feuille de route à finalité économique qu’a présentée le Dr Ursula von Der Leyen, présidente de la Commission.
Les éclairages qui suivent braquent les projecteurs sur la situation dans quatre pays d’Europe de l’ouest. Et notre dossier propose aussi deux éclairages sur la façon dont la Russie et le Québec (province la plus touchée au Canada) font face dans la tourmente. Avec trois enseignements majeurs à retenir de l’étranger. Les sollicitations des médecins se sont faites de façon assez différente selon les pays, même si la médecine de ville a été partout sollicitée en première ligne à partir de la phase 3. Les systèmes et les acteurs de santé – souvent en crise avant la crise — ont frôlé la surcharge. Enfin – même si ce n’est pas un constat général — il n’y a pas qu’en France que les blouses blanches ont reproché aux pouvoirs publics leur lenteur de réaction et l’insuffisance des moyens de protection mis à leur disposition…