Cibler le récepteur CCR5

Thérapie génique  dans le VIH

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Publié le 19/09/2019
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Une première expérience de thérapie génique chez un patient présentant une infection par le VIH a été conduite par les chercheurs du département de biologie cellulaire de l’école des sciences médicales fondamentales de Pékin. Un profil de sécurité tout à fait favorable a été observé, ouvrant des perspectives de recherche.

Crédit photo : Phanie

Selon le « Brief Report » publié dans le « New England Journal of Medicine », le patient traité est un homme de 27 ans, infecté par le VIH et atteint de leucémie lymphoïde aiguë pour laquelle il a bénéficié d’une greffe de cellules-souches hématopoïétique en mai 2016. Les chercheurs ont profité de cette opportunité pour inactiver, dans les cellules greffées, le gène codant le récepteur CCR5 en se servant de l’outil dédition du génome CRISPR-Cas9.

En effet, l’absence du récepteur CCR5 protège les lymphocytes contre l’infection par le VIH. Les « patient de Berlin » et « patient de Londres », sont à ce jour les seuls cas documentés de guérisons fonctionnelles de l’infection par le VIH après une greffe de moelle provenant de donneurs portant la mutation rare CCR5 Δ 32.

Profil de sécurité favorable

Au bout de 19 mois, le patient chinois était en rémission complète de sa pathologie tumorale. Il n’a été observé aucun effet hors cible de CRISPR-Cas9 et les cellules modifiées n’étaient pas immunogènes. Les évènements indésirables rapportés étaient ceux attendus dans le cadre d’une greffe : neutropénie, anémie et thrombocytopénie transitoires.

Environ 5 % seulement des lymphocytes présents dans la moelle et la circulation sanguine n’exprimaient plus CCR5. Ce pourcentage était augmenté jusqu’à 8,28 % dans la moelle osseuse, au cours d’une période de 30 jours d’arrêt prévu de la trithérapie.

Les données montrent en outre une production continue de CD4+ CCR5-. Toutefois, les taux observés « ne sont pas suffisants pour espérer une guérison fonctionnelle d’une infection à VIH », reconnaissent les auteurs.

C’est la première fois que la technologie CRISPR est utilisée dans le cadre d’une thérapie génique de l’infection par le VIH. En 2014, les chercheurs de l’université de Pennsylvanie, dirigés par le Pr Carl June (qui signe d’ailleurs l'éditorial du dernier « New England Journal of Medicine ») et le Dr Pablo Tebas, de l’université de Pennsylvanie, avaient déjà conduit une étude sur 12 malades ayant bénéficié d’une greffe de cellules autologues, modifiées pour désactiver le gène CCR5. À l’époque, la technique utilisée consistait à modifier sélectivement le gène ciblé à l’aide de nucléases à doigt de zinc.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin