Selon O.Lantz et coll., la stimulation des lymphocytes MAIT pourrait être mise à profit dans le développement de nouveaux traitements contre les infections, voire pour le développement de vaccins antitumoraux.
Ces chercheurs ont découvert pour la première fois l’existence de lymphocytes possédant des caractères hautement conservés au cours de l’évolution (travaux publiés en 2003). Nommées lymphocytes MAIT (cellules T invariantes associées aux muqueuses), ces cellules se trouvent principalement au niveau des muqueuses (intestin, poumon), sont présentes dans le sang et les ganglions lymphatiques mésentériques.
Les lymphocytes MAIT ont un fonctionnement différent des autres lymphocytes. En effet, devant une cellule infectée par un virus ou par une bactérie, les lymphocytes T sont habituellement activés par les antigènes étrangers et se multiplient pour former des clones exprimant chacun un récepteur différent. Une fois l’intrus éliminé, les lymphocytes spécifiques sont plus abondants et possèdent des capacités effectrices immédiates.
Les cellules MAIT sont d’emblée abondantes dans l’organisme, même en l’absence d’antigène. « Comme ils sont, en revanche, peu nombreux dans le sang de cordon ombilical, nous pensons qu’ils se multiplient tout de suite après la naissance au contact des microbes hôtes naturels de l’organisme et acquièrent à ce moment-là leurs caractéristiques fonctionnelles particulières », explique Olivier Lantz.
Le caractère très conservé des MAIT correspond au fait qu’ils expriment une petite palette de récepteurs pour l’antigène, invariants d’un individu à l’autre et même d’une espèce à l’autre, comme cela a été vérifié chez les humains et les souris.
Mais les mêmes chercheurs découvrent un peu mieux leurs fonctions. Ils publient dans «Nature Immunology» un travail montrant qu’en culture, les lymphocytes MAIT sont activés par des cellules présentatrices des antigènes provenant d’une grande variété de bactéries et de levures, mais pas de virus. Par ailleurs, ils observent chez des patients atteints de maladies infectieuses, notamment de tuberculose, que le nombre des MAIT est réduit dans le sang périphérique et, au contraire, amplifié au site de l’infection. Ce qui suggère une migration vers les tissus infectés.
Par ailleurs, il est montré chez des souris que les cellules MAIT sont protectrices contre des infections par une mycobactérie ou par Escherichia coli. « Les MAIT sont capables d’intervenir très rapidement contre divers Staphylocoques, Pseudomonas… et autres Candida albicans », écrivent les auteurs. Cette activité anti-microbienne pourrait se faire par l’intermédiaire de substances telles que l’interféron gamma et le TNF.
Les chercheurs vont maintenant s’attacher à décrypter les mécanismes moléculaires d’activation de ces MAIT, notamment au niveau de l’interaction récepteur-ligand. Quelle est la nature exacte des antigènes reconnus par ces cellules ?
Il serait aussi intéressant de connaître les variations des MAIT en présence de certaines tumeurs ou dans certaines maladies auto-immunes.
Nature Immunology, 27 juin 2010.
* U932 Inserm/Institut Curie.
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