L’arrivée des nouveaux antiviraux à action directe a révolutionné la prise en charge de l’hépatite C: d’une efficacité de l’ordre de 50 % dans les années 2000 on est passé à 70 % en 2011 (mais seulement pour les patients de génotype 1) pour arriver, aujourd’hui, à un taux de guérison de l’ordre de 90 % chez tous les patients. En outre, la durée du traitement a été réduite à douze semaines avec ces antiviraux.
« Le virus disparaît complètement pendant le traitement et ne réapparaît pas après son arrêt. Or, on parle de guérison lorsque douze semaines après la fin du traitement, il n’y a toujours pas de trace du virus. Les seuls patients pour lesquels la réponse est un peu moins bonne, de l’ordre de 80 %, sont ceux de génotype 3 avec une cirrhose », précise le Pr Marc Bourlière.
Quinze mille patients traités en 2014
L’accès aux nouveaux traitements est actuellement limité aux patients ayant une fibrose hépatique sévère; environ quinze mille patients en ont bénéficié l’an dernier avec un taux de réponse d’au moins 90 %. « Notre objectif est bien sûr que tous les patients ayant une hépatite C aient accès à ces traitements pour éradiquer le virus, d’autant que le bénéfice d’un traitement précoce a déjà été démontré : une méta-analyse sur plus de 30 000 patients traités par interféron - ribavirine, montre que chez les patients guéris, l’incidence de cirrhose et de cancer du foie, a diminué. De même, la réduction du nombre de patients transplantés est avérée. La survie de ces patients a enfin été améliorée. Avec les nouveaux antiviraux, il faudra encore attendre quelques années pour réaliser une étude similaire, mais il n’y a aucune raison que le fait de les guérir plus tôt, n’ait pas les mêmes bénéfices », poursuit le Pr Bourlière.
Encore trop de patients ont une hépatite C sans le savoir
On estime qu’en France environ 60 % des patients atteints d’hépatite C, ont été diagnostiqués. De gros effrots restent donc à faire pour repérer les 40 % restants. Ces patients étant le plus souvent asymptomatiques, les anciens traitements qui avaient de nombreux effets secondaires, posaient le problème de l’observance. Avec les nouveaux antiviraux, la donne est complètement changée puisque le taux de guérison est plus élevé, la tolérance est bonne à très bonne et qu’ils sont compatibles avec une vie normale.
«Notre objectif est que ces nouveaux traitements soient recommandés, à terme, à tous les patients. Il est déjà prévu que le prix de ces antiviraux directs baisse en fonction du volume prescrit. Par ailleurs, la plupart des patients avec des fibroses sévères ayant déjà été traités dans les services et guéris, les patients avec une hépatite C et une fibrose hépatique sévère sont de moins en moins nombreux. L’élargissement de l’indication à ceux ayant une fibrose modérée ne conduirait donc pas à une explosion du nombre de prescriptions (ceux déjà guéris compensant les nouveaux accédants au traitement), d’autant que ces antiviraux ne peuvent être prescrits que par un nombre limité de praticiens », constate le Pr Bourlière.
Dernier point essentiel : « les patients doivent impérativement être sensibilisés au fait que ces nouveaux antiviraux sont très coûteux et que, pour être efficaces, ils doivent être pris tous les jours pendant 12 semaines. Un seul oubli pouvant induire un phénomène d’échappement et donc un risque d’apparition d’une résistance, il n’est pas question que les patients prennent leur traitement de façon aléatoire », conclut le Pr Bourlière.
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