ON ATTENDAIT la nouvelle depuis plus de 20 ans. D’après une étude menée dans l’hémisphère sud, il serait enfin permis d’imaginer dans un avenir proche guérir l’hépatite C par voie orale, sans avoir recours aux injections d’interféron, comme c’est le cas jusqu’à présent. « C’est un tournant dans la prise en charge de l’infection par le VHC », expliquent les auteurs d’une étude sur une bithérapie orale contre le VHC. L’équipe du Dr Edward Gane vient, en effet, de publier les premiers résultats à 14 jours d’une bithérapie orale chez des patients ayant une hépatite C chronique. Si l’interféron est indispensable aujourd’hui pour négativer la charge virale, il est souvent mal accepté, mal toléré et entraînant des résistances. Dans cette étude de phase II, deux antiviraux en association ont été testés à différentes posologies chez 88 patients : un analogue nucléosidique inhibiteur de polymérase, le RG7128, et un inhibiteur de protéase, le danoprevir.
Aucun effet secondaire grave.
Six centres d’hépatologie d’Australie et de Nouvelle-Zélande ont participé à l’étude. À 14 jours de traitement, la réplication virale était diminuée de -3,7 à -5,2 log10 UI/ml selon la dose administrée. Il est à noter que l’association s’est également révélée efficace chez les patients précédemment non répondeurs au traitement de référence à base d’interféron pégylé (IFN). Ainsi, aux posologies les plus fortes, c’est-à-dire 1 000 mg de RG7128 et 900 mg de danoprevir deux fois par jour, la diminution était de -5,1 log10 UI/ml chez les patients naïfs et de -4,9 log10 UI/ml pour les patients non-répondeurs à l’IFN. Par comparaison, dans le groupe placebo, la charge virale avait augmenté de 0,1 log10 UI/ml. Aucun effet secondaire grave n’a été rapporté au cours de l’étude.
Bien entendu, il reste à montrer que ces résultats obtenus à court terme se confirment dans le temps. Il reste également à tester la bithérapie chez les patients au stade de cirrhose, ce qui représente une large population en attente pressante d’avancée thérapeutique. C’est malgré tout la première fois qu’un traitement sans interféron s’avère efficace pour inhiber la charge virale.
D’autres essais cliniques sont en cours avec des résultats préliminaires très encourageants, avec des taux de répondeurs allant jusqu’à 75 %, y compris pour le génotype 1. Les premiers bénéficiaires en seraient les patients intolérants ou résistants à l’IFN, puisque de 10 à 14 % arrêtent les médicaments en raison d’effets secondaires et plus de la moitié des porteurs du génotype 1 sont en échec thérapeutique. Comme le fait remarquer dans un éditorial le Dr David Thomas de la Johns Hopkins School de Baltimore, un tel traitement antiviral, plus sûr, aussi efficace et simple d’administration «permettrait de relancer le dépistage et le soin, (...) puisque seule une petite fraction des 170 millions de patients infectés par le VHC à travers le monde est au courant de son affection».
The Lancet, publication en ligne du 15 octobre 2010.
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