Vaccin contre la variole du singe : l'Europe achète des doses, l'OMS émet ses premières recommandations

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Publié le 15/06/2022

Crédit photo : Phanie

La Commission européenne et le laboratoire danois Bavarian Nordic ont annoncé la conclusion d'un contrat portant sur l'achat de plus de 100 000 doses de vaccins contre la variole du singe, afin de faire face au nombre grandissant de cas d'infections par ce poxvirus, désormais détecté dans 19 États membres ainsi qu'en Norvège et en Islande. En date du 14 juin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rapporté plus de 1 600 cas dans le monde, et Santé publique France 125 cas confirmés sur le territoire, dont 91 en Île-de-France.

L'accord porte sur la fourniture de 109 090 doses de vaccins pour le compte des pays européens, pour un montant non diffusé, acheté au nom d'HERA, la nouvelle autorité européenne de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire. Il s'inspire des achats groupés de vaccins anti-Covid, mais porte sur des quantités bien moindres. Le sérum en question est le vaccin vivant non réplicatif MVA-BN, dit de troisième génération, commercialisé sous les noms d'Imvanex en Europe, de Jynneos aux États-Unis et d'Imvamune au Canada. Il est autorisé en Europe depuis 2013 et indiqué contre la variole chez les adultes.

Les premières livraisons de ces doses aux 27 pays de l'UE, ainsi qu'à la Norvège et l'Islande sont prévues d'ici à fin juin, avec un acheminement prévu entre juillet et mi-août.

L'OMS émet des recommandations provisoires pour trois vaccins

Quelle sera l'utilisation de ces doses de vaccin ? Le centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) a recommandé une vaccination post-exposition précoce pour prévenir la maladie ou rendre son évolution moins grave.

Pour sa part, le groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination de l'OMS (Sage) a publié des recommandations provisoires sur l'utilisation de ce vaccin recommandé chez les plus de 18 ans.

Le Sage y conseille aussi deux autres vaccins, l'ACAM2000 et le LC16. L'ACAM2000 est un vaccin cellulaire de deuxième génération, initialement développé par Sanofi Pasteur mais désormais commercialisé par Emergent BioSolutions. Il est contre-indiqué chez les patients immunodéprimés et est également déconseillé aux femmes allaitantes. Comme pour le MVA-BN, l'ACAM2000 est considéré par le Sage comme un vaccin à proposer en prophylaxie post-exposition aux membres d'un foyer dont un des occupants a été diagnostiqué positif pour la variole du singe ou à toute personne ayant eu un contact rapproché avec une personne contaminée. Quant au LC16, il s'agit d'un vaccin vivant atténué japonais dont l'utilisation doit être prudente chez les patients immunodéprimés ou souffrants de dermatite atopique, allergique ou chez les femmes enceintes.

L'OMS déconseille par ailleurs l'utilisation de stocks stratégiques de vaccins de première génération gardés en cas de retour de la variole. L'agence onusienne ne préconise pas de vaccination de masse, mais une vaccination des personnes exposées. Elle demande en outre que toute vaccination contre la variole du singe se fasse dans le cadre d'un protocole de recherche clinique, afin de générer rapidement des données de sécurité et d'efficacité, en particulier dans les différents groupes à risque. Des recommandations plus opérationnelles devraient être publiées dans les prochaines semaines.

Une urgence de portée internationale ?

L'OMS convoquera une réunion, le 23 juin prochain, pour évaluer si ce virus représente une « urgence de santé publique de portée internationale ». Moins d'une semaine après avoir appelé les États à « contrôler la flambée », le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a jugé l'extension de l'épidémie « inhabituelle et préoccupante », nécessitant « une réponse coordonnée », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

Comptant sur l'aide d'experts internationaux pour « mieux comprendre » la variole du singe, l'OMS réfléchit également à « changer le nom du virus », a indiqué le DG de l'OMS, promettant « des annonces dès que possible » sur ce point.

 

Une nouvelle définition de cas


La Direction générale de la santé a actualisé ses recommandations dans un nouveau « DGS-Urgent ». Y est soulignée la nouvelle définition de cas suspect de Santé publique France : « Un cas suspect d’infection par le virus de la variole du singe est une personne présentant une éruption évocatrice de Monkeypox, isolée, précédée ou accompagnée d’une fièvre ressentie ou mesurée (> 38 °C), d’adénopathies, d’une odynophagie, d’une atteinte muqueuse génitale ou anale. »

La mission nationale Coreb (Coordination opérationnelle risque épidémique et Biologique) a par ailleurs publié une fiche d’aide au diagnostic dermatologique et au traitement symptomatique. À destination des professionnels, elle vise à les aider à différencier la variole du singe d’une varicelle (principal diagnostic différentiel), d’un syndrome pied-main-bouche (Coxsackie virus), d’une syphilis, d’une infection herpétique ou d’une dermatose bulleuse non infectieuse.


Source : lequotidiendumedecin.fr