Le très grave accident d’entraînement dont a été victime le champion colombien Egan Bernal, vainqueur du Tour de France 2019, nous rappelle que la traumatologie de ce sport populaire s’avère moins bénigne que l’on croit, en dépit d’une vélocité limitée.
Fort heureusement, l’effort de prévention a eu un impact indiscutable puisque les atteintes cranio-encéphaliques, bien que n’ayant pas disparu, ont vu leur fréquence se réduire significativement. La chirurgie orthopédique n’en reste pas moins confrontée à toute une gamme de lésions, imposant parfois des reconstructions élaborées pour retrouver une fonctionnalité autorisant, à terme, la reprise d’un sport optimal pour une hygiène régulière d’activité physique.
Plébiscité comme moyen de transport, puisqu’à la fois écologique et favorable à l’entretien cardiovasculaire au même titre que la marche, le cyclisme expose à une vulnérabilité inévitable. Une vaste majorité de l’accidentologie du cyclisme résulte de collisions avec un véhicule à plus forte énergie cinétique. La moindre protection du cycliste fait que ses lésions relèvent souvent d’une complexité préoccupante : outre des fractures sur l’ensemble du squelette, les lésions cutanées sont rarement absentes, allant d'ouvertures cutanées à des brûlures contaminées de débris de macadam. En milieu urbain ou à la campagne, la création de couloirs dédiés n’obtient pas toujours l’effet de prévention escompté, voire s’avère parfois contre-productive.
Avec une fracture du fémur, une fracture patellaire, une fracture rachidienne thoracique, toutes ostéosynthésées, le tout « agrémenté » d’un pneumothorax, le cycliste colombien n’est pas près de reprendre de sitôt son entraînement. Si tant est qu’il sera en mesure de poursuivre son exceptionnelle carrière, mais ces patients surmotivés aux récupérations excellentes nous surprennent parfois.
Membre de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot)
M. Greve. Phys Med Rehab Clinics North America. Février 2022. vol.33(1), p135-158
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