Une hormone produite par le fœtus expliquerait les nausées pendant la grossesse

Publié le 19/12/2023
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Une hormone produite par le fœtus, appelée GDF15, serait à l'origine des nausées et vomissements pendant la grossesse, y compris l'hyperémèse gravidique. Une découverte majeure qui pourrait ouvrir la voie à des traitements.

Jusqu'à sept grossesses sur dix sont affectées par des nausées et des vomissements, et l'hyperémèse gravidique touche entre une à trois grossesses sur 100. C'est la cause la plus fréquente d'admission à l'hôpital chez les femmes au cours des trois premiers mois de la grossesse.

Selon les résultats d'une étude, publiés dans la revue Nature, impliquant des scientifiques de l'Université de Cambridge et des chercheurs d'Écosse, des États-Unis et du Sri Lanka, ces symptômes - sévères ou non - sont dus à une hormone produite par le fœtus – une protéine connue sous le nom de GDF15.

Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont utilisé les données de femmes recrutées dans un certain nombre d'études et une combinaison d'approches (spectrométrie de masse, génétique, expérimentations précliniques chez la souris).

Il ressort que le degré de nausées et de vomissements pendant la grossesse est directement lié à la fois à la quantité de GDF15 produite par la partie fœtale du placenta et à la sensibilité à l'effet de cette hormone.

L'effet protecteur de la bêta-thalassémie

L'équipe a ainsi découvert que, chez certaines femmes porteuses de variants génétiques, rares ou fréquents, des niveaux plus faibles de l'hormone en dehors de la grossesse augmentent le risque d'hyperémèse gravidique.

De même, les femmes atteintes de bêta-thalassémie, qui présentent des taux naturellement très élevés de GDF15 avant la grossesse, éprouvent peu ou pas de nausées ou de vomissements.

« Le bébé qui grandit dans l'utérus produit une hormone à des niveaux auxquels la mère n'est pas habituée. Plus elle est sensible à cette hormone, plus elle sera malade », a résumé le Pr Stephen O'Rahilly, co-directeur de l'Institut des sciences métaboliques du Wellcome-Medical Research Council de l'Université de Cambridge, l'un des auteurs de l'étude.

La co-autrice, la Dr Marlena Fejzo, de l'Université de Californie du Sud, dont l'équipe avait précédemment identifié l'association génétique entre le GDF15 et l'hyperémèse gravidique, avait elle-même souffert de cette maladie : « J'espère que maintenant que nous comprenons la cause, nous nous rapprochons de la mise au point de traitements efficaces ».

I.D. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr