L'Académie de médecine appelle à développer la dialyse péritonéale

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Publié le 22/03/2022
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Seulement 6 % des 50 500 dialysés recourent en France à la dialyse péritonéale (DP), un taux deux fois moins élevé que dans la moyenne des pays de l'OCDE, regrette l'Académie de médecine, qui appelle à développer ce traitement pour la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT).

L'IRCT se définit par la perte de 85 à 90 % de la fonction rénale et concerne le plus souvent des patients porteurs de polypathologies (diabète, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires aboutissant à la néphro-angiosclérose). Sa prévalence, de 92 000 cas en France, est en hausse (+ 11 400 cas en 2020). Quant aux traitements, 45 % des patients sont greffés et 55 % recourent à la dialyse rénale.

Des avantages médicaux, sociaux et économiques

Alors que 90 % des patients dialysés bénéficient d'une hémodialyse en centre (à raison de trois séances par semaine de quatre heures), la DP présente des bénéfices supplémentaires sur le plan médical, social et économique, avec une survie identique, estime l'Académie de médecine. Elle met notamment en avant la stabilité hémodynamique pendant l’épuration réduisant le risque de complications cardiaques per-dialytiques, la préservation de la fonction rénale résiduelle et l'absence de recours à une fistule artério-veineuse (ce qui est le cas dans l'hémodialyse) qui peut, à terme, favoriser le développement d’une insuffisance cardiaque à débit élevé. En effet, la DP nécessite un cathéter intrapéritonéal, dont l’extrémité externe permet l’introduction du liquide nécessaire à l’épuration sanguine (dialysat).

L'Académie souligne en outre l'amélioration de la qualité de vie et de l'autonomie, puisque la DP est réalisable à domicile, par le patient lui-même ou par une infirmière, dans la journée (DP cyclique ambulatoire) ou la nuit (DP automatisée). Cela permet notamment de réduire la fatigue des déplacements répétés vers les centres d'hémodialyse. « La DP est une réponse efficace à la demande croissante de prise en charge de l’IRCT liée au vieillissement de la population, en alternative à la création de centres d’hémodialyse », lit-on encore.

Éduquer les patients et former les soignants

Pour développer la DP, l'Académie préconise d'informer les patients sur cette possibilité de traitement à domicile et ses différentes modalités (manuelle ou automatisée) dans le parcours clinique de l’IRC avant le stade terminal, et d'améliorer la formation des soignants.

La rue Bonaparte insiste sur l'importance de l’éducation thérapeutique et du suivi, qui peuvent être renforcés grâce aux réseaux impliquant infirmières coordinatrices, infirmières de pratique avancée et associations de dialysés à domicile, et grâce à la télémédecine et à la télésurveillance.

Elle appelle à revoir les tarifications pour valoriser l’hémodialyse à domicile et la dialyse péritonéale, y compris la pose chirurgicale du cathéter intra-péritonéal, alors que les coûts de transport (aujourd'hui, 20 % du total du coût de la prise en charge de l'IRCT) devraient ainsi baisser. 

Enfin, l'Académie propose la délivrance d’un label « dialyse à domicile », avec sanctuarisation des moyens humains et financiers pour les centres répondant aux objectifs fixés par le Conseil professionnel de spécialité de néphrologie. 


Source : lequotidiendumedecin.fr