Neurologie

AVC : trois projets de recherche français prometteurs

Par
Publié le 27/10/2023
Article réservé aux abonnés
Moins invasif, plus rapide et plus efficace que la chirurgie, le traitement endovasculaire marque un tournant dans la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques et des anévrismes intracrâniens. Mais il reste perfectible. Dans cette optique, la société Balt mène trois projets innovants en partenariat avec le CHU de Limoges, l'Inserm et le CEA.

Crédit photo : CHU POITIERS/PHANIE

À l'occasion de la Journée mondiale de l'accident vasculaire cérébral (AVC), le 29 octobre, la société Balt a présenté trois projets de dispositifs perfectionnés, l'un pour les formes ischémiques et les deux autres pour les anévrismes intracrâniens.

L’AVC ischémique aigu représente 85 % des cas d'AVC contre 15 % pour les AVC hémorragiques. Le traitement endovasculaire repose sur l'utilisation d'un dispositif médical adapté : un stent profilé pour la capture des caillots (stent retriever) en cas d’AVC ischémique ; un implant en fils de platine (coil) en cas d'AVC hémorragique pour remplir l'anévrisme ou un stent à mailles serrées pour l'occlure (stent à diversion de flux).

Mieux accrocher le caillot

Le traitement actuel des AVC ischémiques n'est pas optimal : il ne tient pas compte des caractéristiques du patient (âge, sexe, comorbidités…) ni du caillot (taille, forme, composition…). Par ailleurs, environ 20 % des caillots sont résistants à la thrombolyse (dissolution du caillot via un médicament) et 10 % à la thrombectomie mécanique (capture du caillot via stent retriever).

Face à ce constat, le projet Booster, lancé en 2018 et pour 5 ans, développe une nouvelle génération de stents retrievers avec un revêtement de surface bioactif. Dans le cadre d'un programme de recherche hospitalo-universitaire (RHU) piloté par l’AP-HP, l'un des volets du projet vise à recouvrir le stent retriever de polymères biocompatibles chimiquement modifiés.

Cette technique devrait « permettre une meilleure accroche du caillot et ainsi son retrait complet en évitant sa fragmentation et, donc, le risque d'AVC ischémiques ultérieurs », indique Benoît Ho-Tin-Noe, docteur en biologie et pharmacologie de l’hémostase et des vaisseaux (université Paris-Cité), directeur de recherche à l’Inserm à la faculté de pharmacie de Paris. Ce revêtement, développé par Balt et l'Inserm, devrait réduire le risque de complications (dissection, perforation…) liées à l’introduction du cathéter dans les artères, mais aussi favoriser la cicatrisation de la paroi artérielle après le retrait du caillot.

Cicatrisation anévrismale

Après traitement d'un anévrisme, la cicatrisation définitive peut être retardée à cause d’un manque de cellules cicatrisantes en son sein. Cela peut aboutir à une récidive de l’anévrisme dans près de 30 % des cas. Les patients doivent être suivis à vie afin de détecter une récidive.

Le projet Cicacoils – mené avec les laboratoires LVTS (Inserm/universités Paris-Cité/Sorbonne-Paris-Nord) et Nimbe (CNRS/CEA Saclay ; laboratoire Licsen) et le CHU de Limoges – développe de nouveaux coils bioactifs. L'idée est d'ajouter à la surface de ces coils du fucoïdane (polysaccharide extrait d’algues brunes). « Le fucoïdane se lie aux plaquettes sanguines et favorise ainsi la formation du caillot sanguin. Il attire les facteurs de croissance permettant d’attirer les cellules cicatrisantes », explique le Pr Aymeric Rouchaud, neuroradiologue et codirecteur de la plateforme de recherche Emis, au CHU de Limoges.

Optimiser l'occlusion des anévrismes

Dernier projet pour traiter les anévrismes intracrâniens : le CD31 vise à créer des stents à diversion de flux (ou « flow diverter ») dotés d'un revêtement permettant une meilleure cicatrisation des parois artérielles et une réduction du traitement anticoagulant.

« Les stents à diversion de flux permettent de détourner le flux sanguin hors de l’anévrisme pour provoquer l’occlusion de la poche anévrismale, explique le Pr Rouchaud, également responsable recherche de la Société européenne de neuroradiologie interventionnelle. Mais dans 25 % des cas, l’anévrisme n’est pas occlus car le flow diverter n'est pas recouvert de cellules permettant de reconstruire une artère normale sur le stent qui sert d'échafaudage à la prolifération cellulaire. »

Les stents utilisés dans le cadre de ce projet sont recouverts d'une molécule mimant le CD31, une molécule présente dans les artères et qui permet de rendre le stent procicatrisant. Ce peptide mimétique du CD31 est greffé directement sur le stent flow diverter. « Nous avons démontré une accélération de la cicatrisation et une intégration du stent dès le cinquième jour après son implantation (contre un mois minimum pour les stents actuels) », poursuit-il. Bpifrance soutient financièrement ce projet de flow diverter cicatrisant pour envisager, dès 2024, une utilisation chez les patients. 


Source : Le Quotidien du médecin