Maladie d’Alzheimer légère à modérée

L’apport de la rivastigmine par voie percutanée

Publié le 25/01/2009
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ON SAIT MAINTENANT que lorsque la maladie d’Alzheimer devient symptomatique la dégénérescence cérébrale est déjà significativement avancée. « Le primum movens, explique le Pr François Sellal (Colmar), serait le dépôt de protéine A ß, et en particulier des oligomères de protéine A ß42, qui engendrerait secondairement la dégénérescence neurofibrillaire responsable du déclin cognitif ». C’est à ce stade qu’il faut donc agir et on s’oriente ainsi vers des traitements susceptibles soit d’inhiber la synthèse de la protéine A ß, soit d’enlever les oligomères (ce qui, dans des modèles expérimentaux de souris, réduit le déclin cognitif), soit en intervenant au niveau de la dégénérescence fibrillaire et en particulier de l’hyperphosphorylation de la protéine Tau. Le blocage de la synthèse de la protéine A ß, en inhibant la ß ou la gamma sécrétase nécessaires à la voie amyloïdogène, est limité par des interactions avec d’autres systèmes enzymatiques responsables d’effets indésirables. Les modulateurs des sécrétases, qui diminuent chez l’animal la charge en protéine A ß42, ont montré une amélioration de la cognition, de l’état clinique et des activités quotidiennes dans les formes légères. Les échecs de précédents essais thérapeutiques incitent néanmoins à la plus grande prudence. De son côté, la vaccination contre la protéine A ß a dû être stoppée en raison de la survenue d’encéphalites.

Aussi efficace et mieux tolérée.

Ces voies de recherche n’amèneront pas de nouvelles molécules avant 2 ou 3 ans, aussi est-il important d’améliorer la prise en charge avec les molécules dont nous disposons. La rivastigmine par voie percutanée (Exelon patch), en diminuant les effets indésirables de la voie orale devrait être plus active. L’étude IDEAL (Investigation of transDermal Exelon in ALzheimer's disease) est un essai multicentrique ayant inclus près de 1 200 patients atteints d’une MA légère à modérée. Ils recevaient soit le patch (à la dose de 4.6 mg/jour, augmentés à 9.5 mg après 4 semaines) soit les gélules, avec une titration jusqu’à 12 mg/jour, soit le placebo. Le bénéfice clinique apporté par le patch 9.5 mg est identique à celui de la gélule à 12 mg et significativement plus important que le placebo, sur la fonction cognitive, l’impression clinique générale ou les activités quotidiennes. L’adhésion au traitement est nettement supérieure pour le patch, puisqu’à 12 semaines, 80 % des patients le continuent vs 33 %. Les effets indésirables les plus invalidants, les nausées et vomissements, étant 3 fois moins fréquents qu’avec la voie orale. Le patch a été très bien accepté sur le plan cutané. « Ces résultats sont d’autant plus importants, conclut le Pr Sellal, que l’efficacité des anticholinestérases est très tributaire de la posologie. Si le patch permet de délivrer la dose optimale, on espère repousser les symptômes qui gênent le maintien à domicile ».

D’après un symposium parrainé par le laboratoire Novartis,

Dr MAIA BOVARD-GOUFFRANT

Source : lequotidiendumedecin.fr