Une nouvelle méta-analyse parue dans le « BMJ » met en évidence le lien entre l'exposition aux particules fines PM2,5 et risque accru de démence. Ce risque est retrouvé même lorsque les niveaux de PM2,5 sont inférieurs aux seuils imposés par les autorités américaine, britannique et européenne. Pour les auteurs, la réduction de la pollution de l'air doit être une priorité sanitaire et humanitaire mondiale.
De précédents travaux ont déjà suggéré ce lien, mais sans évaluation détaillée des biais. Ici, les chercheurs du département d'épidémiologie de la Harvard TH Chan School of Public Health de Boston ont réalisé une analyse à partir de 14 études, provenant surtout d'Amérique du Nord et d'Europe, en tenant compte des différences entre elles pouvant influencer les résultats. Si des incertitudes persistent, ces résultats « renforcent les preuves que les polluants atmosphériques sont des facteurs de risque de démence », estiment les auteurs.
Selon leur méta-analyse, pour chaque augmentation de 2 µg/m3 de la concentration annuelle moyenne de PM2,5, le risque global de démence augmente de 4 %. Les auteurs ont par ailleurs constaté que les résultats différaient en fonction du type de surveillance utilisée : dans les études surveillant activement les participants, le lien entre pollution et démence était plus important que dans celles reposant sur des méthodes passives (comme les dossiers médicaux électroniques).
Ainsi, en s'intéressant aux sept études ayant procédé à une vérification active des cas, le risque de démence était 42 % plus élevé pour chaque augmentation de 2 µg/m3 de la concentration annuelle moyenne de PM2,5, alors qu'il l'était de 3 % pour les études avec surveillance passive.
Des associations suggérées pour le NO2 et le NO
Concernant l'exposition au dioxyde d'azote (NO2) et à l'oxyde d'azote (NO), les données sont plus limitées. Néanmoins, les résultats suggèrent une augmentation du risque de démence de 2 % pour chaque augmentation de 10 μg/m3 de dioxyde d'azote et de 5 % pour chaque augmentation de 10 μg/m3 d'oxyde d'azote. Et pour l'ozone, l'étude n'a pas permis d'établir de lien.
Pour les chercheurs, ces données fournissent de nouvelles estimations attestant du fardeau de la pollution de l'air et montrent l'importance en termes de santé publique de limiter ces expositions.
Un appel à des politiques écologiques
Dans un éditorial associé, des chercheurs du département de psychiatrie de l'université du College London au Royaume-Uni rappellent les grandes variations de concentrations de PM2,5 d'une ville à l'autre, allant de moins de 10 µg/m3 à Toronto à plus de 100 µg/m3 à Delhi, soulignant la portée mondiale de leur travail.
Les auteurs appellent à la mise en œuvre de mesures de réduction de la pollution à l'échelle mondiale et à des programmes politiques axés sur le développement d'énergies propres et renouvelables, la réduction de la consommation d'énergie et des changements dans l'agriculture. En octobre, une méta-analyse parue dans « Neurology » avait déjà montré l'association entre pollution de l'air et incidence de la démence.
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