Des signes d’appel trompeurs

La déshydratation, un risque permanent chez le sujet âgé

Publié le 30/05/2011
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AVEC le vieillissement les modifications physiologiques exposent plus facilement au phénomène de déshydratation, avec notamment une baisse de la sensibilité du centre de la soif, une altération des fonctions rénales et une augmentation de l’élimination rénale d’eau et de sodium. À ces modifications physiologiques, viennent s’ajouter la dépendance physique ou psychique qui limite l’accès à l’eau, les troubles de déglutition, les facteurs iatrogènes comme la prise de diurétiques ou de laxatifs et les régimes de restriction sodée ou hydrique.

Le risque est majoré lorsque s’ajoute un facteur précipitant responsable d’une augmentation des pertes d’eau : fièvre, vomissements, diarrhée, prise de diurétiques ou de laxatifs, chaleur estivale… Certaines situations cliniques (coma, confusion…) peuvent également être à risque de déshydratation du fait de la diminution des apports en eau et nourriture.

Le médecin doit toujours garder à l’esprit que le risque de déshydratation est permanent chez la personne âgée. Il faut savoir y penser, même si la symptomatologie est trompeuse car les signes d’appel sont variés et non spécifiques : altération de l’état général, état confusionnel aigu, agitation, somnolence, fièvre, chute, asthénie inhabituelle, perte d’appétit, hypotension orthostatique, modification du comportement… La déshydratation est toujours une urgence chez la personne âgée car les complications potentielles sont graves et les risques encourus majeurs : hypotension, choc, fractures, confusion, insuffisance rénale fonctionnelle avec risque d’effets indésirables médicamenteux, risque majoré d’accident thromboembolique artériel ou veineux, risque lié à l’immobilisation…

Des mesures de bon sens.

Le médecin doit toujours penser à la déshydratation, mais il doit également y penser avant qu’elle n’existe afin de la prévenir dans les situations à risque. Le traitement préventif repose sur des mesures de bon sens. En cas de forte chaleur, il faut éviter de s’exposer pendant les heures de la journée les plus chaudes, porter des vêtements amples et légers, boire régulièrement en quantité suffisante, sans attendre d’avoir soif, de l’eau fraîche (pas glacée), éviter les activités physiques pendant les heures de forte chaleur, prendre des bains ou des douches tièdes, installer dans les pièces de vie climatiseurs, ventilateurs et humidificateurs, faire des repas légers, éviter les boissons alcoolisées ; lors des voyages, acclimater son organisme (quelques jours) et augmenter progressivement les activités.

En cas de chaleur ou de diarrhée, les diurétiques doivent être diminués et il faut réhydrater le patient. Cette réhydratation ne doit pas être faite uniquement avec de l’eau pure, du fait du risque d’hyponatrémie. Le patient doit être réhydraté à l’eau mais également au bouillon salé, au Coca-cola, au jus d’orange… afin de compenser la perte d’eau mais également la perte d’électrolytes. La réhydratation par voie sous-cutanée (sérum glucosé, sérum physiologique, sérum glucosé + sel) doit facilement être utilisée car elle est pratique et confortable. Elle permet de corriger les déshydratations légères ou modérées ou de prévenir la déshydratation dans les situations à risque.

L’hospitalisation peut être nécessaire en présence de signes de gravité (troubles de la conscience, état de choc ou instabilité hémodynamique, natrémie› 150 mmol/l, glycémie› 30 mmol/l), si la cause précipitante n’est pas diagnostiquée ou nécessite elle-même l’hospitalisation ou si les moyens humains et matériels disponibles à domicile ou dans l’établissement d’hébergement sont insuffisants pour assurer un traitement et une surveillance optimale.

Pr Puisieux: pas de conflits d’intérêt.

 Dr BRIGITTE VALLOIS Propos recueillis auprès du Pr François Puisieux (pôle de Gérontologie, CHRU de Lille).

Source : Le Quotidien du Médecin: 8973