Au Congrès de l’American Heart Association

L’ail à l’honneur dans les suites de l’infarctus

Publié le 17/11/2011
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Crédit photo : DR

Le trisulfure de diallyl, un composant de l’ail, est étudié par une équipe américaine : il pourrait aider à libérer de l’hydrogénosulfite, un composé protecteur utile dans l’infarctus du myocarde, la chirurgie cardiaque ou le traitement d’une insuffisance cardiaque. Un sujet parmi d’autres au Congrès de l’AHA (Orlando).

On sait que de petites quantités de gaz hydrogénosulfite sont utiles pour la protection cardiaque lors de l’ischémie. Mais ce composé est difficile à délivrer en thérapeutique. David Lefer et coll. (Emory University School) se sont intéressés au trisulfure de diallyl, un composant extrait de l’huile essentielle de l’ail, pour savoir s’il a des propriétés proches de l’hydrogénosulfite. Leurs observations « indiquent que ce composé est susceptible d’être utilisé dans certaines situations en cardiologie où l’hydrogénosulfite a été proposé. » En administrant du trisulfure de diallyl à des souris modèles d’infarctus du myocarde, on obtient une réduction de 61 % l’aire cardiaque endommagée, comparativement à des animaux non traités. Selon les auteurs, le trisulfure de diallyl peut préserver l’intégrité des mitochondries et réduire la production des radicaux libres lors de l’ischémie cellulaire. « Nous sommes en train de réaliser des études avec des médicaments en prise orale qui libèrent de l’hydrogénosulfite », explique David Lefer. Une autre présentation de la même équipe indique que le trisulfure de diallyl donné dans le rétrécissement aortique, pourrait permettre de réduire l’insuffisance cardiaque en amont (Kazuhisa Kondo).

Morts subites et tabac.

Les chercheurs de la Mayo Clinic ont la confirmation que le tabagisme passif est pourvoyeur de pathologies létales et que l’environnement dénué de fumée épargne des vies. Richard Hurt et coll. montrent que l’incidence des infarctus du myocarde et des morts subites d’origine cardiaque est divisée par deux chez les habitants d’un Comté du Minnesota après qu’une ordonnance d’abstention du tabagisme dans les lieux publics a été appliquée. Le tabagisme s’est réduit de 23 % chez les adultes pendant le même laps de temps et les taux d’autres facteurs de risque – HTA, hypercholestérolémie, diabète et obésité – sont demeurés stables ou se sont accrus.

« L’étude conforte la notion d’une réduction des infarctus du myocarde, mais surtout elle ajoute du nouveau, montrant une réduction des décès par mort subite cardiaque. » L’étude de population dans le Comté d’Olmsted a montré que, au cours des 18 mois qui ont suivi l’application de la loi d’interdiction du tabagisme dans les restaurants et les lieux de travail, on a enregistré une réduction de 45 % des infarctus du myocarde (de 212,3 à 102,9 pour 100 000 habitants) et de 50 % des morts subites cardiaques (de 152,5 à 76,6 pour 100 000 hbts).

Cardiomyopathies du péripartum.

Un sujet qui représente une avancée en médecine régénérative, concerne les cellules souches fœtales, qui apparaissent prometteuses dans la régénérescence cardiaque. Des chercheurs du Mont Sinaï Hospital ont fait une observation qui est une première : les cellules souches fœtales migrent à partir du placenta pour atteindre le cœur de la mère et y réparer une lésion telle qu’un infarctus du myocarde ou une cardiomyopathie du péripartum. C’est en constatant que les cardiomyopathies du péripartum récupèrent spontanément dans la moitié des cas, que les chercheurs en sont venus à chercher du côté des cellules souches fœtales (Hina Chaudhry et coll.). Sur le cœur de souris gestantes à qui on provoque un infarctus du myocarde, les chercheurs ont observé la greffe spontanée sur les zones lésées des cellules souches fœtales marquées et in vitro, ils ont constaté qu’elles sont reprogrammées en cardiomyocytes, cellules musculaires lisses vasculaires et cellules endothéliales (sujet publié dans « Circulation Research »).

Cœurs de marathoniennes

On avait eu la désagréable surprise de constater que, paradoxalement, les marathoniens d’élite ont davantage de plaques d’athérome que les sédentaires. Il fallait voir ce qu’il en est chez les femmes. C’est ce qu’a fait une équipe du Minneapolis Heart Institute (Robert Schwartz et coll.) dans le cadre d’un travail rétrospectif présenté au congrès de l’AHA.

Les chercheurs ont évalué la présence de plaques d’athérome, leur localisation et leur volume chez 25 marathoniennes et 28 femmes sédentaires appariées pour l’âge. L’indice de masse corporelle moyen était de 32 chez les sédentaires contre 21,9 chez les athlètes.

Au total, les auteurs ont identifié 28 lésions athéromateuses chez 14 sédentaires et 7 chez 5 marathoniennes. Globalement, le volume moyen des plaques était de 169,8 chez les sédentaires et de 95,8 chez les adeptes de la course. Quant au pourcentage de sténose, il était respectivement de 28 versus 10,3. Statistiquement, à la différence de ce que l’on a observé chez les marathoniens, les femmes marathoniennes avaient moins de lésions que les témoins. Toutefois, si l’on se réfère une lésion type, il n’y a pas de différence entre les deux groupes de femmes en ce qui concerne le volume de la plaque et le pourcentage de sténose. Ce qui veut dire que, quand une plaque survient, elle possède les mêmes caractéristiques quelle que soit la femme.

Comme l’indique Schwartz, les marathoniennes tirent un bénéfice de leurs activités sportives car elles ont une fréquence cardiaque plus lente, une pression artérielle plus basse, des meilleurs profils lipidiques et une moindre incidence du diabète.

Reste à comprendre les raisons de la différence hommes-femmes.

 Drs BÉATRICE VUAILLE et E. DE V.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9043