FAUT-IL être encore plus restrictif sur la consommation de sucres rapides ? C’est ce que suggèrent des nutritionnistes d’Atlanta en montrant que la consommation de sucres ajoutés modifie significativement le bilan lipidique chez leurs compatriotes américains. Plus de 6 000 adultes de la cohorte National Health and Nutrition Examination Survey ont ainsi participé à l’étude entre 1999 et 2006. Ces résultats sont concordants avec la tendance actuelle en matière de prévention du risque cardio-vasculaire. Les dernières recommandations de l’American Heart Association (mars 2010) n’ont ainsi jamais été aussi strictes à ce sujet. Manger trop gras se solde par un bilan lipidique à risque, manger trop sucré aussi. Le phénomène est connu depuis longtemps pour les hydrates de carbone, dont la surconsommation majore le taux des triglycérides. Ainsi, pour les sucres rapides, l’équipe dirigée par Jean Welsh à l’Emory University vient de montrer que des ingestats excessifs non seulement majorent la triglycéridémie, mais baissent les taux protecteurs de HDL cholestérol. Quant aux taux de LDL cholestérol, il semble que l’effet varie selon le sexe. Si les sujets masculins sont indemnes, une augmentation des taux de LDL cholestérol a été observée chez les femmes.
HDL, triglycérides et LDL.
Dans l’étude, les participants étaient regroupés selon leur consommation en sucres ajoutés. Les catégories ont tété fixées d’après les limites retenues dans les différentes recommandations. Cinq groupes ont ainsi été constitués : < 5 %, de 5 à < 10 %, de 10 % à < 17,5 %, de 17,5 % à < 25 % et ≥25 % de l’apport calorique total. En utilisant différents outils statistiques, les chercheurs ont évalué si les différences d’ingestats sucrés modifiaient les taux de HDL cholestérol, de triglycérides et de LDL cholestérol. Ainsi, pour des consommations sucrées < 5 %, de 5 à < 10 %, de 10 % à < 17,5 %, de 17,5 % à < 25 % et ≥25 % de l’apport calorique total, les taux ajustés de HDL cholestérol étaient respectivement de 58.7, 57.3, 53.7, 51.0 et 47,7 mg/dl. Quant aux taux ajustés de triglycérides, ils étaient respectivement de 105, 102, 111, 113 et 114 mg/dl. Pour les taux de LDL cholestérol, ils étaient de la même façon chez les femmes de 116, 115, 118, 121 et 123 mg/dl. Aucune modification significative n’a été observée chez les hommes.
Pour des recommandations strictes.
Selon l’étude, la consommation de sucres ajoutés augmente dangereusement ces dernières années. Aux États-Unis, les sucres ajoutés représenteraient ainsi 15,8 % des apports caloriques totaux, versus 10,6 % en 1977-1978. Hormis l’apport calorique, ces aliments sont totalement dépourvus de qualités nutritionnelles. Leur surconsommation étant incriminée depuis belle lurette dans la survenue d’obésité, de diabète et de caries dentaires, toutes les recommandations nutritionnelles visent à limiter leur apport. Cependant il n’existe pas encore de consensus parmi les différentes sources. L’Institut de médecine américain s’est prononcé en faveur d’une limitation à 25 % dans la part totale énergétique, l’Organisation Mondiale de la Santé à moins de 10 %. Quant à l’American Heart Association, elle s’est récemment positionnée de façon plus restrictive encore. Selon les experts cardiologues, l’apport en sucres ajoutés ne devrait pas représenter plus de 100 calories par jour chez les femmes, et 150 calories chez les hommes, soit approximativement 5 % de l’apport énergétique total. Au vu du rôle des sucres rapides dans la dyslipidémie, les résultats de l’équipe d’Atlanta plaident en faveur des recommandations strictes du type de celles de l’American Heart Association.
JAMA, 21 avril 2010, volume 303, numéro 15,1490-1497.
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