Secteur en tension

L’ophtalmologie n’est pas à l’abri des urgences

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Publié le 20/12/2018
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QUINZES VINGTS

QUINZES VINGTS
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Alors que de nombreux Français se plaignent des délais d’attente pour obtenir une consultation chez un spécialiste, la question de la reconnaissance des urgences en ophtalmologie demeure d’actualité. Situé à Paris dans le 12e arrondissement, le service des urgences du Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie (CHNO) de l’hôpital des Quinze-Vingts continue son expansion. « Nous avons le niveau de fréquentation le plus élevé en Europe : chaque année, on augmente de 5 à 10 % le nombre de nos patients. En 2010, il y avait 30 000 passages par an, puis 50 000 en 2014 et 60 000 en 2017 », notait le Docteur Éric Tuil, chef du service des urgences de l’hôpital de Quinze-Vingts à Paris, au premier trimestre 2018.

Un service classique d’urgence médicale

En attendant d’avoir les chiffres de cette année, le Docteur Tuil avait présenté son service, organisé, au niveau de l’accueil, comme un service classique d’urgence médicale. Ainsi, des infirmiers d’accueil et d’orientation reçoivent les patients et, à partir de certains symptômes clefs, priorisent les situations. « Tous les problèmes graves sont vus rapidement, ainsi que les enfants, avait-il ajouté, tandis que les patients non urgents peuvent attendre plusieurs heures. » Selon lui, seuls 30 à 40 % des malades pris en charge dans le service ont une pathologie relevant réellement de l’urgence, mais le service préfère voir tout le monde, pour ne pas risquer de passer à côté de quelque chose de sérieux. Au quotidien, l’équipe doit faire face à de la traumatologie (corps étrangers, plaies et contusions du globe, accidents domestiques), des inflammations (uvéite), des infections postopératoires (cataracte, glaucome) ou encore à des pathologies de type neurovasculaire à point de départ ophtalmologique (diplopie, paralysie oculomotrice), qui sont généralement orientées vers un autre service spécialisé de la Fondation Rothschild.

Trois symptômes simples

Globalement, trois symptômes simples doivent évoquer immédiatement une urgence possible : un œil rouge, douloureux et une baisse brutale de vision. Si un grand nombre de patients viennent d’eux-mêmes aux urgences de Quinze-Vingts, certains sont adressés par des médecins, ophtalmologistes ou non, qui connaissent certaines des spécificités du Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie (CHNO). En France, le CHNO est par exemple le seul à disposer d’une unité dédiée à l’infection oculaire, coordonnée par le Professeur Borderie. En outre, une unité « SOS rétine », disponible 24 heures sur 24, est dédiée à la chirurgie du décollement de la rétine. Enfin, « nous avons créé des protocoles pour chaque pathologie et pouvoir ainsi réorienter les patients vers un spécialiste (chirurgie, glaucome, vasculaire, inflammatoire, médecine interne…) », avait complété le Docteur Tuil.

Mobilisation syndicale

Sur un autre registre, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) a continué de se mobiliser en 2018. Après avoir obtenu sa première consultation complexe en 2017, l’ophtalmologie dispose depuis le 1er janvier 2018 de mesures importantes concernant les urgences. Mise en avant par le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), elles se traduisent concrètement ainsi : en journée et en ville, une majoration MCU de 15 € pour les actes cliniques (APC, CS) est possible, si le patient est adressé par son médecin traitant et vu dans les 48 heures. Pour les actes CCAM bénéficiant des modificateurs U, S, F, et effectués la nuit (20 heures à 8 heures) ou les dimanches et jours fériés, un doublement du montant est désormais effectif. Enfin, les protocoles organisationnels, issus du décret des orthoptistes de 2016, ont continué de se développer en 2018.

 

Anne - Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9712