Régimes d’exclusions dans l’autisme

Aucune preuve d’efficacité ni d’innocuité

Publié le 22/06/2011
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Crédit photo : PHANIE

« De nombreux sites Internet, en particulier de langue anglaise, affirment que l’autisme est traitable et établissent un lien avec le régime sans gluten. Mais ces informations sont uniquement constituées de témoignages ou d’histoires individuelles non vérifiables », explique le Pr Jean-Louis Bresson qui a présidé le groupe de travail de l’AFSSA. Compte tenu des limites de la prise en charge actuelle des enfants autistes, un nombre croissant de familles a recours à des prises en charge alternatives (PCA) qu’elles perçoivent volontiers comme inoffensives. C’est notamment le cas pour le régime sans gluten et sans caséine (RSGSC), comme l’ont constaté des pédiatres du constat Groupe francophone de gastro-entérologie et de nutrition pédiatriques (GFHGNP) et les associations de patients et de leur famille consultés par les experts.

Des contraintes

L’audit des patients, des parents et des associations qui les représentent révèle que le RSGSC est source de contraintes importantes pour les familles et représente une charge financière non négligeable. Les associations se disent embarrassées pour donner des conseils à leurs adhérents sur ce sujet, en raison notamment de l’absence de repères objectifs.

En ce qui concerne l’efficacité des régimes d’exclusions, l’analyse de la littérature ne comporte que dix études, dont cinq émanent de la même équipe, et une seule est en double aveugle contre un régime normal, fait remarquer le Pr Bresson. Cette étude a donné des résultats négatifs. « Les données scientifiques actuelles ne permettent pas de conclure à un effet bénéfique du RSGSC sur l’évolution de l’autisme ». Sur le plan de l’innocuité du RSGSC au long cours, il n’y a pas suffisamment de données pour conclure. D’où l’impossibilité d’affirmer aujourd’hui que ce régime est dépourvu de conséquence néfaste à court, moyen ou long terme. Cependant, il faut souligner que, en plus d’éventuels risques de carences nutritionnelles potentiels induits par l’exclusion de nombreux aliments en l’absence de supplémentation, le RSGSC « constitue un facteur potentiel d’exclusion qui pourrait s’opposer à l’objectif de prise en charge des enfants autistes ». Enfin, « les arguments indirects (excès d’exorphines, peptidurie anormale, troubles digestifs associés, notamment) avancés à l’appui du RSGS ne sont pas étayés par des faits validés ».

À l’heure actuelle, « il n’existe aucune raison d’encourager le recours à ce type de régime ».

Le Pr Bresson note également que « les professionnels de santé devraient être mieux informés sur la nature des PCA utilisées dans l’autisme, afin de pouvoir aborder librement ce sujet avec les familles des enfants malades. Cela permettrait de répondre en partie à leur besoin d’information et, en cas de recours à une PCA, d’éviter qu’il ne s’effectue en dehors de toute assistance médicale ».

Lille. 8es journées francophones de nutrition. D’après la communication du Pr Jean-Louis Bresson, hôpital Necker-Enfants-Malades, Paris.

* Agence française de sécurité sanitaire des aliments (actuelle ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Efficacité et innocuité des régimes sans gluten et sans caséine proposés à des enfants présentant des troubles envahissants du développement (autisme et syndromes apparentés). http://www.anses.fr/

Dr Catherine Faber
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Source : Nutrition