Troubles des apprentissages et de l’attention

Le rôle clé du médecin généraliste dans le repérage des « dys »

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Publié le 14/09/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les difficultés et troubles des apprentissages chez l'enfant sont multiples. Ils peuvent se manifester par de simples retards d'acquisition de la lecture, sans autre anomalie, ni antécédents dans la famille. Mais ils peuvent également témoigner de troubles spécifiques dont l'origine est supposée développementale et se traduire par un ou plusieurs difficultés dans les apprentissages.

L'enfant peut, par exemple, souffrir de dyslexie et/ou dysorthographie. Ou encore, de dyscalculie : trouble des compétences numériques et des habiletés arithmétiques (difficultés de calcul et déficits dans d’autres activités comme la manipulation des systèmes numériques, comptage, lecture et écriture de nombres). Les troubles de l'apprentissage peuvent également être liés à une dysgraphie ou à une dyspraxie. Chez l'enfant, les troubles de l'apprentissage peuvent être isolés, associés ou secondaires à des carences multiples (socioculturelles, éducatives, affectives), des événements familiaux ou scolaires, une déficience intellectuelle, des déficits sensoriels, des troubles instrumentaux, des troubles psychiques, une maladie somatique. Par ailleurs, des difficultés scolaires peuvent apparaître chez l'enfant intellectuellement précoce (EIP) ou souffrant d'un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). « Le médecin traitant doit connaître les étapes normales de l'acquisition du langage oral et écrit, des compétences numériques et des praxies. De fait, il doit évaluer le développement de l'enfant et effectuer des bilans de santé (à 4 ans, fin de grande section de maternelle et fin de CP) », souligne le Dr Dominique Girardon-Grichy, médecin généraliste à Montlignon (Val d'Oise).

« Les médecins doivent s'intéresser à l'école »

En contact régulier avec l'enfant et sa famille, le pédiatre ou le médecin généraliste joue un rôle clé dans le repérage des difficultés dans les apprentissages scolaires, signalés par la famille/l'école ou des signes variés (fatigue, troubles de l'humeur et/ou du comportement, somatisation…). Le colloque singulier avec l'enfant et sa famille, l'examen clinique et la passation de tests de dépistages adaptés doivent lui permettre d'émettre des hypothèses diagnostiques. Pour connaître et repérer les difficultés dans les apprentissages, le médecin doit y avoir été formé. Or, en formation initiale, les cours dédiés aux troubles spécifiques des apprentissages sont relativement récents. « Les médecins quinquagénaires, par exemple, n'y ont donc jamais été formés. Par ailleurs, la formation continue sur le sujet existe. Mais le budget consacré à la formation des médecins a récemment diminué : les médecins généralistes optent alors pour des séminaires axés sur des thématiques considérées comme fondamentales. Ils sont beaucoup moins nombreux qu'il y a quelques années à se former aux troubles des apprentissages alors même que les enfants représentent 20 % de leur patientèle », déplore le Dr Girardon-Grichy. « Les médecins doivent s'intéresser à ce qui se passe à l'école. Aujourd'hui, certains enfants sont orientés directement vers un orthophoniste sur les conseils d'un enseignant. Or le recours n’étant pas toujours orthophonique, une démarche diagnostique préalable est indispensable par le médecin de l’enfant pour orienter au mieux l’enfant dans le système de soins », précise le praticien.

Des freins majeurs à la prise en charge

Le repérage des troubles des apprentissages est d'autant plus important que la prise en charge doit être précoce pour optimiser les résultats, mais aussi, pluridisciplinaire. le médecins traitant doit, ainsi, orienter les parents vers des professionnels de santé adéquats (orthophoniste, psychomotricien, neuropédiatre, psychologue, pédopsychiatre, ORL, ophtalmologiste… Actuellement, les inégalités (territoriales, sociales et financières) d'accès aux soins compliquent la prise en charge. « Certains professionnels, par exemple, ne sont pas remboursés (psychomotricien, psychologues…) », note le Dr Grichy-Girardon. Par ailleurs, « les pouvoirs publics doivent donner aux médecins et paramédicaux, davantage de moyens pour se former spécifiquement aux troubles des apprentissages. Cela fait partie de l'enjeu de réussite scolaire », conclut le Dr Grichy-Girardon.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9601