Une étude menée chez des souriceaux

La carence en vitamine D affecte les poumons

Publié le 31/01/2011
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IL S’AGIT d’un travail chez la souris. Mais qui pourrait être rapidement porteur d’applications pratiques chez les humains. Une carence en vitamine D chez un individu très jeune pourrait être cause d’une anomalie de l’édification pulmonaire normale.

Les études antérieures ont montré que les maladies pulmonaires obstructives (asthme ou BPCO) pouvaient être liées à une carence en vitamine D. La nouvelle étude conduite par des chercheurs australiens complète la notion, en démontrant qu’un déficit en vitamine D perturbe la croissance pulmonaire, conduisant à un déficit à la fois anatomique (volume pulmonaire) et fonctionnel.

Cette perte initiale associée à une carence en vitamine D « peut éventuellement expliquer les liens entre carence en vitamine D et maladies bronchopulmonaires obstructives. »

Les chercheurs ont utilisé un modèle de souris carencées en vitamine D, développé par manipulations diététiques. Les souriceaux descendants de colonies porteuses du déficit ont été étudiés à 2 semaines de vie et comparées à des souris non carencées. On a étudié la croissance somatique, ainsi que la croissance et la structure pulmonaires. Les volumes pulmonaires ont été mesurés par pléthysmographie et la structure analysée sur des prélèvements histologiques.

Effet sur le volume pulmonaire.

Comparativement aux souris dont le statut pour la vitamine D est normal, il n’y a pas de différence significative pour ce qui concerne la croissance somatique de l’animal. En revanche, l’effet sur le volume pulmonaire est sensible (approximativement 18 % chez les femelles et 28 % chez les mâles). Et de plus, « il y a des déficits dans la fonction pulmonaire qui ne peuvent donc pas être entièrement expliqués par la réduction de volume. » Les déficits fonctionnels apparaissent donc liés à des réductions à la fois volumétrique et qualitative du tissu pulmonaire.

Le nombre des alvéoles est réduit chez les femelles carencées comparativement aux femelles au statut vitaminique D normal. Chez les mâles en revanche, il n’y a pas de différence notable du nombre des alvéoles entre les deux groupes. Le volume des voies aériennes n’apparaît pas par ailleurs touché.

« Cette étude est la première à donner des éléments mécanistiques directs pour lier un déficit en vitamine D à un mauvais développement pulmonaire. » Les auteurs rappellent qu’il y a une augmentation très importante de la prévalence des carences en vitamine D dans le monde et que cela a été associé à toute une variété de maladies : osseuses, mais aussi auto-immunes et cardiovasculaires.

La carence en vitamine D affecte aussi la croissance et la fonction du muscle squelettique.

American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 28 janvier 2011.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8896