Diminution des exacerbations graves

La thermoplastie bronchique dans l’asthme réfractaire

Publié le 18/05/2009
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COMMENT DILATER les bronches d’un sujet asthmatique quand le traitement médical optimal ne suffit plus ? En augmentant davantage encore les doses… ou en empruntant une voie thérapeutique inédite. C’est ce qu’a expérimenté l’équipe dirigée par le Dr Mario Castro de Saint Louis avec une méthode mécanique étonnante. Pour lutter contre la bronchoconstriction, il est ici question d’utiliser la chaleur pour « brûler » les fibres musculaires lisses bronchiques : la thermoplastie bronchique. Présentés lors du congrès de l’American Thoracic Society à San Diego, les premiers résultats chez des sujets asthmatiques réfractaires sont encourageants. Le procédé, développé par la firme Asthmatx, s’appelle Alair Bronchial Thermoplasty System. Il s’agit au cours d’une bronchoscopie d’introduire le cathéter contenant la sonde thermique. Une fois en place, le dispositif peut se déployer jusqu’à être au contact des parois et distribuer de la chaleur.

Une bronchoscopie « factice » pour l’aveugle.

La méthode vient d’être testée dans une étude internationale randomisée, double aveugle et contrôlée versus traitement « factice » chez des sujets asthmatiques réfractaires au traitement médical optimal. L’essai Alair Intervention Research 2 (AIR2) a ainsi inclus 297 sujets sur 30 sites différents. Alors que le traitement médicamenteux habituel était maintenu pour l’ensemble de la population de l’étude, l’aveugle était obtenu en réalisant une bronchoscopie chez tous les participants, soit thérapeutique pour deux tiers d’entre eux, soit « factice » pour le dernier tiers c’est-à-dire sans qu’aucun geste thermique soit réalisé. Le protocole comprenait trois sessions toutes les trois semaines, chacune étant dédiée à cibler une zone différente.

Au cours du suivi sur un an, les épisodes d’exacerbations graves ont diminué de 32 % dans le groupe traité. Les consultations aux services d’urgences pour symptômes respiratoires ont diminué de 84 % par rapport au groupe contrôle ! De plus, les sujets traités par thermoplastie présentaient davantage de jours sans aucun symptôme respiratoire et avaient moins recours aux bronchodilatateurs d’action rapide. Il a été constaté également une baisse du taux d’absentéisme scolaire ou professionnel pour raison médicale. Même si de manière attendue la qualité de vie était améliorée dans les deux groupes, elle l’était statistiquement davantage dans le groupe thermoplastie. Sur une échelle cotée de 1 à 7, le score moyen, mesuré initialement à 4,3, a augmenté de 1,35 point pour le groupe traité versus 1,16 pour le contrôle. Des effets indésirables à type de toux, de gêne respiratoire et de sifflements ont été observés dans les deux groupes, un peu plus dans le groupe traité. Le procédé est actuellement en cours d’évaluation par la FDA américaine pour être agréé dans le traitement de l’asthme. Un avis devrait être rendu avant fin 2009.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr