Une approche de prévention de la BPCO

Parler de risque plutôt que de prévalence ou d’incidence

Publié le 12/09/2011
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Crédit photo : PHANIE

SELON L’OMS, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui était la sixième cause de mortalité en 1990, est passée au quatrième rang et elle atteindra la troisième position d’ici 2030. En effet, la prévalence de cette affection atteint de 8 à 22 % des adultes âgés de 40 ans et plus. L’étude BOLD (Burden Of Obstructive Lung Disease), par exemple, publiée en 2007, avait cherché à estimer la prévalence de la BPCO à l’échelle mondiale. Ce travail avait montré que la prévalence de la maladie est beaucoup plus élevée que ce qui est habituellement rapporté, et que son état est généralement plus avancé que ce que l’on pense usuellement.

Or, la BPCO est une des principales causes d’hospitalisation et de dépenses de santé. Toutefois, en dépit de son incidence importante et malgré des campagnes visant à accroître la sensibilisation de la population, le grand public semble méconnaître cette maladie et son importance considérable sur la santé publique.

La médecine fondée sur les preuves.

L’Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES), une organisation indépendante à but non lucratif de l’Ontario (Canada), fournit des informations relatives à la santé publique et la recherche clinique considérées comme très pertinentes pour le clinicien en ce qui concerne la médecine fondée sur les preuves (EBM). Pour AS Gershon et coll. (1), il est possible d’expliquer la méconnaissance de la population générale en matière de santé publique, et de BPCO en particulier, parce que les notions de prévalence et d’incidence sont trop abstraites. Elles ne permettaient donc pas aux individus d’identifier ces termes et de se les approprier.

C’est pourquoi ces auteurs ont préféré utiliser la notion de « risque », en particulier de risque cumulé pendant la vie entière. En effet, le public a bien accueilli la notion de risque de développer une maladie au cours d’une vie quand elle a été employée notamment en cardiologie et en cancérologie. Cette notion est également adaptée pour un usage par les cliniciens, les chercheurs et les décideurs publics.

Un risque de 27 %.

AS Gershon et coll. ont donc entrepris une étude longitudinale destinée à estimer le risque de BPCO. La population étudiée, nord-américaine et multiethnique, celle de l’Ontario (Canada), correspond à un total d’environ 13 millions de personnes. Tous les sujets indemnes de BPCO en 1996 ont été suivis pendant 14 ans et trois possibilités évolutives ont été prises en compte, le diagnostic de BPCO, l’atteinte d’un âge de 80 ans, ou le décès. L’incidence cumulée de la BPCO a été ajustée au risque de décès d’une autre cause et les résultats ont été stratifiés par sexe, statut socio-économique et par habitat (rural ou urbain).

Un diagnostic de BPCO a été porté chez un total de 579 466 individus pendant la période d’étude. Le risque global de la BPCO à l’âge de 80 ans a pu être estimé à 27,6 %. Il est apparu plus élevé chez les hommes que chez les femmes (29,7 % contre 25,6), chez les personnes dont le statut socio-économique est faible (32,1 % contre 23 chez les personnes plus aisées), et en milieu rural par comparaison avec le milieu urbain (32,4 % contre 26,7).

Ainsi, environ une personne sur quatre est susceptible d’être atteinte de BPCO et traitée au cours de sa vie. Une approche « EBM » comme celle d’AS Gershon et coll. devrait permettre la mise en œuvre d’une politique de prévention de la maladie et d’amélioration de la qualité de vie des patients.

(1) Gershon AS, et coll. Lifetime risk of developing chronic obstructive pulmonary disease: a longitudinal population study. Lancet 2011 ; 378 : 991-96.

Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9001