L’inflammation de la BPCO est précoce et d’autant plus importante que la maladie est sévère, elle se distingue de celle de l’asthme par sa localisation, les populations cellulaires impliquées et sa très faible sensibilité aux corticoïdes. La fumée de cigarette, facteur causal majeur, active les macrophages et les cellules épithéliales. Ces cellules libèrent des cytokines (IL8, TNFα, IL1ß, IL6) qui vont attirer les cellules inflammatoires (polynucléaires neutrophiles, macrophages et fibroblastes).
Cette inflammation est un phénomène auto-entretenu : en effet, chez certains patients, l’inflammation ne s’arrête pas avec le sevrage tabagique. « Des arguments suggèrent qu’à côté de l’immunité innée médiée par les cytokines, l’immunité adaptative joue un rôle en particulier dans le phénomène d’auto-entretien. La fumée de tabac, des antigènes viraux, la protéine HMGB1, pourraient être des déclencheurs de la réaction immunitaire » explique le Pr Roger Marthan (CHU Bordeaux).
De plus, le stress oxydatif, induit, entre autres, par le tabac, favorise la réaction inflammatoire, le remaniement bronchique et l’hyperproduction de mucus. Il joue également un rôle dans la relative corticorésistance de la BPCO.
Contrairement à l’asthme, la BPCO est peu sensible aux corticoïdes. Leur action passe par une cascade de réactions cellulaires qui aboutissent au blocage de la transcription de gênes inflammatoires. Les glucocorticoïdes agissent en activant la voie des histones déacétylases, enzymes qui limitent la synthèse de molécules pro-inflammatoires. Certains composés du tabac (oxydants) répriment l’action de ces enzymes, ce qui explique la moindre sensibilité de l’inflammation de la BPCO aux corticoïdes.
Le Roflumistat, actif par voie orale.
L’inefficacité relative des corticostéroïdes a ouvert la voie à de nouvelles recherches, souligne le Pr Nicolas Roche (Hôpital de l’Hôtel-Dieu Paris). Les cellules impliquées dans l’inflammation pulmonaire ou systémique de la BPCO expriment la phosphodiestérase 4 (PDE4) enzyme qui inactive l`AMPcyclique intracellulaire en l’hydrolysant en 5’AMP inactif. L’inhibition de la PDE-4 élève la concentration et les effets de l’AMPc ce qui se traduit au niveau des bronches par des effets anti-inflammatoires et bronchodilatateurs.
Le Roflumistat est un inhibiteur de la PDE-4 actif par voie orale à l’étude pour le traitement des maladies respiratoires inflammatoires chroniques comme la BPCO.
Une étude* publiée dans le « Lancet » en août 2009 a montré que, comparé à un placebo, le Roflumistat, associé au tiotropium ou au salmétérol réduit, respectivement, de 16 et 21 % les exacerbations chez les patients atteints de BPCO. Le Roflumistat pourrait être indiqué en association aux bronchodilatateurs chez les patients atteints de bronchite chronique dont le VEMS est inférieur à 50 %.
› Dr MICHELINE FOURCADE
Congrès de pneumologie de langue Française, symposium organisé par le laboratoire Nycomed.
* Calverley PM et coll. Lancet 2009 August ; 374 (9691) 695-703
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