Rhumatologie

Arthrose et Covid : les douleurs ont augmenté durant le confinement

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Publié le 18/02/2022

La deuxième édition de l'étude Stop Arthrose, lancée fin 2019, a mis en évidence l'impact de l'arthrose sur la qualité de vie mais aussi l'aggravation des douleurs pendant le confinement. Alors que la quasi-totalité des patients espère retrouver de la mobilité et être moins douloureux, une prévention efficace doit être mise en place précocement via le maintien d'une activité physique et la lutte contre la surcharge pondérale.

L’arthrose a un impact sur le moral de 81 % des patients

L’arthrose a un impact sur le moral de 81 % des patients
Crédit photo : Phanie

L’arthrose touche près de 10 millions de personnes et représente la deuxième cause d’invalidité en France. « Avec le vieillissement de la population et l’épidémie d’obésité, le nombre de patients atteints d’arthrose passera de 17 % aujourd’hui à 23 % en 2030 », souligne le Dr Laurent Grange, médecin rhumatologue au CHU de Grenoble Alpes et président de l’Association française de lutte anti-rhumatismale (Aflar).

Face à ce constat, l’Aflar s’est associée à la Fondation Arthrose pour lancer la deuxième édition de l’enquête Stop Arthrose. Cette étude, menée via un questionnaire en ligne* auprès de 3 465 personnes atteintes d’arthrose en France (2 822) et en Belgique (643), a commencé quelques semaines avant la pandémie (en septembre 2019) et s’est achevée le 1er janvier 2021.

La période critique du confinement

Cette enquête montre que la pandémie a modifié le statut algofonctionnel, la santé physique et psychique des patients, uniquement pendant la période du premier confinement : augmentation de l’intensité de la douleur, dégradation transitoire de l’état de santé général, détérioration transitoire du moral. « Cela s’explique notamment par la diminution de l’activité physique, la prise de poids, les modifications des habitudes alimentaires, les changements du style de vie, la diminution des contacts sociaux et le stress important ressenti durant le confinement », indique le Pr Yves Henrotin, docteur en kinésithérapie et réadaptation fonctionnelle en Belgique, thérapeute manuel, fondateur et président de la Fondation Arthrose.

L’arrêt des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) a également intensifié la douleur des patients atteints d’arthrose. « Au début de la pandémie, un doute persistait sur l’impact des AINS dans la survenue d’un Covid grave. Aujourd’hui, nous savons qu’il n’y a aucun risque de ce genre avec la prise d’AINS », rappelle le Dr Grange.

Qualité de vie altérée

Entre la première édition de Stop Arthrose de 2013 et celle de 2021, certains points n’ont pas évolué. « Quelque 94 % des patients espèrent toujours voir diminuer leurs douleurs et trouver plus de mobilité. Plus de la moitié souhaitent obtenir des informations médicales claires et précises sur leur maladie, des conseils pratiques pour mieux vivre au quotidien. Les deux tiers aimeraient bénéficier d’un meilleur suivi médical », note Céline Mathy, psychologue, administratrice déléguée de la Fondation Arthrose. D’après l’étude Stop Arthrose II, en plus de la douleur qui concerne près de neuf patients sur dix, la fatigue est préoccupante pour un arthrosique sur deux.

L’impact sur la vie sociale est très important : pour 78 % des participants sur les loisirs, pour 62 % sur la vie de famille et pour 44 % sur la vie professionnelle. L’arthrose agit également sur le moral pour 81 % des répondants. Ce qui nécessite une prise en charge pluridisciplinaire et, éventuellement, une orientation vers un psychologue. L’arthrose gêne, par ailleurs, le sommeil de plus des deux tiers des patients (68 %).

Devenir acteur de sa santé

Quant à la mauvaise image de soi, elle touche 64 % des patients arthrosiques. « Elle se dégrade à cause de l’altération de l’esthétique des patients due à la déformation des articulations (les doigts, par exemple), à la boiterie et au regard que les autres portent sur eux », confie le Pr Henrotin. La vie de couple est impactée pour 25 % des patients avec des conséquences sur la vie sexuelle pour un tiers des répondants.

Pour le Dr Grange, quatre actions méritent d’être mises en place. « Il faut améliorer la prise en charge médicale par la formation primaire et secondaire des professionnels de santé, estime-t-il. Mais aussi mettre plus de moyens dans la recherche et l’accélérer sur les molécules prometteuses. Il est nécessaire d’informer les patients que leur maladie n’est pas une fatalité et qu’ils peuvent devenir acteurs de leur santé. Une vraie politique de prévention doit être mise en place : maintien d’une activité physique de loisirs, lutte contre la surcharge pondérale et prise en charge précoce de l’arthrose. »

* Questionnaires en ligne sur les sites www.stoparthrose.org et www.fondationarthrose.org

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin