Arthrose

Des thérapies prometteuses

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Publié le 21/04/2020

Des avancées thérapeutiques se profilent enfin dans l’arthrose. De nombreuses molécules sont en développement, notamment les anti-NGF et la sprifermine dans la gonarthrose.

La prise en charge repose en première intention sur des mesures non pharmacologiques, comme l'activité physique

La prise en charge repose en première intention sur des mesures non pharmacologiques, comme l'activité physique
Crédit photo : Phanie

Lors du congrès français de rhumatologie fin 2018, ont été présentées les premières recommandations de la Société française de rhumatologie (SFR) sur la prise en charge pharmacologique de la gonarthrose, qui doivent être publiées prochainement. D’autres recommandations internationales de l’EULAR, de l’OARSI et de l’ACR ont aussi été émises en 2019 sur différents types d’arthrose. La prise en charge repose toujours en première intention sur des mesures non pharmacologiques : activité physique (marche, yoga, tai-chi), perte pondérale, aide à la marche…

Nouvelles recommandations de la SFR dans la gonarthrose

Sur le plan médicamenteux, la SFR restreint la place du paracétamol (conseillé en première ligne dans toutes les recommandations). « La prescription du paracétamol ne doit être ni systématique, ni continue en raison d’une efficacité limitée et des problèmes de tolérance hépatique, gastro-intestinale et cardiovasculaire. » rappelle le Dr Florent Eymard (Hôpital Henri Mondor, Créteil). Quant aux AINS oraux, s’ils ont une efficacité symptomatique supérieure au paracétamol, ils doivent être utilisés en l’absence de contre-indications majeures, pour la durée la plus courte et la posologie la plus faible possible. Ils exposent à un risque cardiovasculaire accru au long cours. Une étude récente a d’ailleurs montré que ce risque était plus important avec le diclofénac. On privilégiera donc les applications d’AINS topiques. Les injections intra-articulaires de corticoïdes occupent toujours une place importante, notamment dans la gonarthrose, un peu moins dans la coxarthrose. Quant aux injections intra-articulaires d’acide hyaluronique, après avoir été très utilisées, puis boudées par les sociétés savantes, elles sont un peu réhabilitées dans le genou. « Dans les recommandations françaises, ce traitement peut apporter un bénéfice symptomatique et il fait partie de l’arsenal thérapeutique dans la gonarthrose », explique le Dr Florent Eymard.

L’utilisation du plasma enrichi en plaquettes (PRP) est de plus en plus fréquente dans les pathologies tendineuses... « Sa place comme traitement symptomatique de la gonarthrose reste en revanche débattue, en raison de l’hétérogénéité des études réalisées. Si l’ACR et l’OARSI se prononcent contre son utilisation pour le moment, la SFR n'a pas encore émis d'avis, en raison d’un nombre insuffisant d’études justifiant son utilisation ».

Des voies d’avenir

Les principales avancées thérapeutiques sont actuellement réalisées dans la gonarthrose. L’objectif principal est de contrôler les symptômes, notamment la douleur. Le Nerve Growth Factor (NGF) semble être une bonne cible et les anti-NGF (tanezumab, fasinumab) ont montré un effet antalgique chez des patients atteints d’arthrose modérée à sévère du genou ou de la hanche, ne répondant pas suffisamment aux antalgiques classiques.

Dans les premières études, le tanezumab, administré par voie intraveineuse à des doses élevées, s’est montré très efficace, mais avec des effets secondaires articulaires importants. Des destructions rapides d’articulations ont été observées, nécessitant parfois des prothèses. Dès lors, les études ont repris avec une posologie plus faible, par voie sous-cutanée, limitant le risque d’arthrose rapidement progressive et de remplacement prothétique mais réduisant l’efficacité symptomatique du traitement. Son développement est avancé et il devrait être prochainement autorisé aux Etats-Unis.

Une autre approche consiste à apporter les facteurs anaboliques impliqués dans la croissance et la prolifération des chondrocytes, notamment la sprifermine (FGF-18 humain recombinant) en cours de développement. « Cette molécule a montré pour la première fois, un gain d’épaisseur du cartilage. Et tout récemment à l’ACR, des résultats positifs sur la douleur ont été mis en évidence dans une sous-population de patients très douloureux », souligne le Dr Florent Eymard.

D’autres pistes sont à l’étude dans la gonarthrose : l’inhibition de la voie de signalisation Wnt impliquée dans le remodelage ostéochondral, l’injection intra-articulaire d’un dérivé de la capsaïcine pour un effet antalgique rémanent…

Des pistes dans l’arthrose digitale

Enfin, une étude présentée à l’EULAR montre que la corticothérapie pourrait présenter un intérêt ponctuel pour traiter une poussée douloureuse dans l’arthrose digitale. Dans cette étude, 92 patients ont été randomisés pour recevoir soit 10 mg de prednisolone par jour pendant 6 semaines, soit un placebo. À 6 semaines, l’EVA avait plus fortement diminué dans le groupe prednisolone que dans le bras placebo. Mais cet effet est suspensif, dès que le traitement est arrêté la douleur récidive en quelques semaines.

Une autre étude avec de faibles doses de méthotrexate (10 mg/semaine pendant un an) s’est avérée négative dans la douleur, avec cependant un petit effet sur l’inflammation. Une piste à poursuivre…

D'après un entretien avec le Dr Florent Eymard, Hôpital Henri Mondor (Créteil)

Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr