Arthrose

Enfin des avancées !

Par
Publié le 16/04/2021

L’année 2020 a vu la confirmation des premiers résultats cliniques positifs avec de nouvelles molécules qui protègent le cartilage (FGF-18) ou contrôlent la douleur (anti-NGF). De nombreuses autres pistes sont à l’étude, l’idéal étant de pouvoir agir à la fois sur la chondroprotection et la douleur.

La sprifermine a montré, en injections intra-articulaires dans la gonarthrose, un gain d’épaisseur du cartilage

La sprifermine a montré, en injections intra-articulaires dans la gonarthrose, un gain d’épaisseur du cartilage
Crédit photo : phanie

Après plusieurs déceptions les années précédentes, les avancées thérapeutiques dans l’arthrose sont vraiment notables depuis un ou deux ans.

Pour la première fois, un facteur de croissance, le fibroblast growth factor-18 (FGF-18 ou sprifermine) a montré, en injections intra-articulaires dans la gonarthrose, un gain d’épaisseur du cartilage mesuré par IRM dans l’étude FORWARD. Dans cet essai randomisé contre placebo, deux doses différentes (30 µg et 100 µg, trois injections intra-articulaires hebdomadaires), administrées tous les 6 ou 12 mois, ont été étudiées. Un effet structural, mais pas symptomatique, a été démontré à deux ans sur l’épaisseur du cartilage à la dose de 100 µg (1).

Sprifermine : un effet chondroprotecteur durable

Durant l’ACR 2020, les résultats à cinq ans de l’étude FORWARD ont été présentés. « Ils sont très encourageants car ils montrent, trois ans après l’arrêt du traitement, que l’effet structural est maintenu : le gain d’épaisseur du cartilage articulaire reste stable malgré une longue période sans traitement. C’est la première fois qu’un effet chondroprotecteur est obtenu avec une biothérapie. Cependant, on constate une absence d’effet sur la douleur, sauf dans le sous-groupe de patients les plus douloureux (un tiers des sujets) », souligne le Pr Xavier Chevalier, hôpital Henri Mondor (Créteil).

Différentes molécules visant à contrôler la destruction du cartilage, en bloquant d’autres voies intervenant dans le catabolisme de la matrice, comme les WNT, sont en cours de développement. Une étude de phase 2, contrôlée contre placebo, avec une injection d’un inhibiteur de WNT (SM 04690) à trois doses (0,03 mg, 0,07 mg, 0,23 mg) dans la gonarthrose a montré des résultats contrastés. L’analyse en intention de traiter était négative à 13 semaines. En revanche, dans le sous-groupe des patients ayant une douleur unilatérale (uniquement dans le genou infiltré), une amélioration significative des scores de douleur et de fonction, ainsi que sur la hauteur de l’interligne articulaire sur les radiographies, était observée uniquement dans le bras traité par SM04690 à dose intermédiaire (0,07 mg) à 26 et 52 semaines, mais pas à la dose la plus forte (0,23 mg).

Les inhibiteurs de cathepsine K semblent aussi prometteurs dans la gonarthrose pour diminuer à 26 semaines la destruction osseuse fémorale du compartiment atteint, mais là encore sans efficacité sur les symptômes. « Des résultats précliniques intéressants ont aussi été obtenus avec les inhibiteurs des chimiokines, notamment du récepteur CCR2 et des inhibiteurs d’ADAM -TS5 », ajoute le Pr Chevalier.

Enfin, les études avec les anti-TNF, les anti-IL1 ou les anti-IL6 dans l’arthrose digitale notamment, ont été négatives. Cependant, une analyse post-hoc de l’étude CANTOS a évalué à cinq ans le canakinumab, anticorps monoclonal anti-IL1, utilisé en prévention secondaire chez des patients coronariens. Elle a montré, chez les sujets de plus de 60 ans ayant une arthrose, une réduction du risque relatif de pose de prothèse dans le groupe canakinumab, après cinq ans de suivi. Un nouvel espoir… mais il faudra être vigilant sur le risque infectieux.

Bloquer le NGF pour combattre la douleur

Dans l’arthrose, la grande avancée thérapeutique est l’arrivée des anti-NGF (Nerve Growth Factor). Le premier essai randomisé dans la gonarthrose ayant utilisé le tanezumab administré par perfusions intraveineuses, avait montré un effet antalgique spectaculaire, mais qui était contrebalancé par une chondrolyse rapide dans le genou cible et, plus rarement, à distance de l’articulation cible. Les essais ont repris par injection sous-cutanée (toutes les huit semaines) et à moindres doses. Les résultats ont montré une supériorité à 24 semaines des bras tanezumab 2,5 mg et 5 mg, versus placebo, sur les scores WOMAC douleur et fonction physique. En revanche, seuls les sujets du groupe tanezumab 5 mg ont eu une évaluation globale significativement supérieure, par rapport au placebo, à la 24e semaine. Le taux de pose de prothèse a été semblable dans les trois groupes. De plus, le suivi à plus long terme confirme le risque accru d’arthropathie rapidement destructrice et celui de pose d’une prothèse articulaire. « Ainsi, il apparaît que l’utilisation des anti-NGF doit se faire avec prudence : pas de prescription au long cours, pas d’utilisation dans les arthroses « atrophiques », ni en cas de fragilité osseuse (fracture sous chondrale), de désaxation majeure ou d’anomalies architecturales pré-existantes. Les anti-NGF sont intéressants en cas d’arthrose avancée chez des patients inopérables (comorbidités, âge…) ou ponctuellement en cas d’échec ou de contre-indications aux autres thérapeutiques », conclut le Pr Chevalier.

Une deuxième piste semble intéressante. L’injection intra-articulaire de CNTX, inhibiteur de la capsaïcine, a montré une efficacité antalgique supérieure au placebo chez des patients souffrant de gonarthrose. Après une seule injection d’1 mg, l’effet est rémanent jusqu’à 24 semaines.

(1) Hochberg M et al. JAMA, 2019 ; 322 (14) : 1360-1370.

Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr