« Les biosimilaires ne sont ni des génériques ni des biogénériques, indique le Pr Sylvie Hansel-Esteller. Comme les produits biologiques princeps, ce sont des protéines de haut poids moléculaire, de structure complexe, difficiles à caractériser et potentiellement immunogènes. Les génériques sont des petites molécules chimiques identiques à leur produit de référence ; les biosimilaires ne peuvent matériellement pas l’être : ils sont fabriqués –comme leur biologique princeps- à partir de matière première vivante (bactéries, cellules de mammifères) selon un procédé complexe, propre à chaque produit. Une réglementation stricte s’impose».
Charte de qualité
En Europe, le développement et l’enregistrement des biosimilaires est réglementé. «Dès 2005, des guidelines ont été émises, précisant les exigences de qualité et les conditions d’évaluation. Le développement d’un biosimilaire prend 6 à 7 ans et passe par 3 étapes (caractérisation et similarité physico-chimique et biologique, études non cliniques de toxicité à dose répétée et locale, essais cliniques d’équivalence). La démonstration de la similarité est un exercice complet de comparabilité entre le biosimilaire et le produit de référence, en termes de qualité, d’efficacité et de sécurité. Le but n’est pas d’établir un bénéfice en soi pour le patient, mais de démontrer la similarité à un produit biologique de référence. L’extrapolation à d’autres indications est évaluée au cas par cas (1). Elle est attribuée avec un niveau de preuves suffisant de comparabilité et une justification scientifique fiable et objective » précise le Pr Sylvie Hansel-Esteller.
Augmenter l’accessibilité
En France, les médicaments biologiques représente 10% du budget pharmaceutique. Les biosimilaires pourraient générer des économies de 500 millions à 1 milliard d’euros (2). «La réduction des coûts ainsi obtenue pourrait améliorer l’accessibilité aux agents biologiques dans certains rhumatismes inflammatoires ou maladies auto-immunes qui ne répondent pas aux critères de prescription actuels guidés par des impératifs économiques» explique le Pr jacques Morel.
Efficacité, tolérance… quid de la substitution ?
«Les essais d’équivalence étudient sur 1 an l’impact de l’immunogénicité sur la tolérance et le maintien d’efficacité des biosimilaires, note le Pr Jacques Morel, mais avec un recul faible, de 1 an par rapport à des princeps sur le marché depuis 15 ans».
Le Pr Sylvie Hansel-Esteller précise que «tout médicament biosimilaire présent sur le marché est assorti d’un PGR-EU spécifique. Les données demandées à un biosimilaire pour démontrer sa comparabilité sont beaucoup plus nombreuses que pour un princeps dont le procédé de fabrication est modifié (1) (par exemple pour améliorer le rendement.). Chaque changement requiert une modification d’AMM (en moyenne 3 par an et par produit selon l’Agence Européenne du Médicament). L’Infliximab a par exemple eu 37 modifications d’AMM».
(1)Weise et al.. Blood 2012;120(26):5111-5117
(2) Le Pen C. Les biosimilaires en 15 questions. http://www.apmnews.com/Documents/lesbiosimilairesen15questionsemail.pdf
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